Sélection de la langue

Recherche

Responsabilité partagée de la mise en œuvre de la politique sur l'Inuit Nunangat (IRA1-V57)

Description

Cet enregistrement d'événement présente un bref historique de l'élaboration conjointe de la politique sur l'Inuit Nunangat, ses éléments et son but.

(Consultez la transcription pour le contenu en français.)

Durée : 01:27:57
Publié : 15 mars 2023
Type : Vidéo


Lecture en cours

Responsabilité partagée de la mise en œuvre de la politique sur l'Inuit Nunangat

Transcription

Transcription

Transcription : Responsabilité partagée de la mise en œuvre de la politique sur l'Inuit Nunangat

[Le logo de l'EFPC s'affiche aux côtés du texte qui indique « webdiffusion ».]

[L'écran s'estompe pour faire place à Mitch White dans un affichage du vidéoclavardage.]

Mitch White : [S'exprime dans une langue autochtone]

Bonjour à tous. Je m'appelle Mitch White, je suis originaire de Nain, au Nunatsiavut, et je suis conseiller principal en communications responsable de la formation des cadres à l'Inuit Tapiriit Kanatami (ITK). C'est un honneur et un plaisir d'agir en tant que modérateur pour l'événement d'aujourd'hui qui se déroule sur le territoire non cédé du peuple algonquin Anishinaabe à Ottawa.

Je tiens à les remercier de nous permettre de vivre et d'accomplir notre travail important sur leurs terres non cédées. J'aimerais aussi demander aux participants qui se joignent à nous aujourd'hui de prendre quelques instants pour réfléchir à l'endroit où vous vous trouvez et aux liens traditionnels à l'égard de ces terres.

Je tiens aussi à remercier l'École de travailler avec nous pour offrir cette séance. L'ITK travaille avec l'École depuis environ deux ans à l'élaboration d'une formation axée sur les Inuits, l'un des objectifs communs déterminés par le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne.

Dans cette séance, les fonctionnaires en apprendront sur la vision qui sous-tend la Politique sur l'Inuit Nunangat et la façon de la mettre en œuvre dans leur travail quotidien. Je souhaite la bienvenue à tous ceux qui regardent la séance d'aujourd'hui de partout au Canada et dans l'ensemble de l'Inuit Nunangat.

Avant de commencer, voici quelques points d'ordre administratif à garder à l'esprit. Pendant l'événement, vous pouvez poser vos questions aux conférenciers au moyen de l'icône de clavardage en forme de bulle située dans le coin supérieur droit de votre écran. Même si vous ne voyez pas votre question s'afficher, elle est envoyée à notre groupe de modérateurs et sélectionneurs talentueux avant de m'être acheminée.

Afin d'optimiser votre expérience de visionnement, nous vous recommandons de vous déconnecter de votre réseau privé virtuel ou d'utiliser un dispositif personnel pour regarder la séance dans la mesure du possible. Veuillez noter que des services d'interprétation simultanée en français, d'interprétation en langage des signes et de traduction en temps réel des communications (TTRC) sont offerts pour cet événement. Veuillez consulter le rappel que l'École vous a envoyé sur la façon d'accéder à ces fonctions.

Écoutons d'abord une introduction sur les Inuits au Canada et la gouvernance des Inuits.

[Un diaporama intitulé « La responsabilité partagée de la mise en œuvre de la Politique sur l'Inuit Nunangat – Un produit livrable du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne » s'affiche à l'écran.]

Veuillez lancer le diaporama, je vous prie.

D'abord, pour commencer, j'aime toujours parler du logo de l'ITK, que vous voyez ici dans le titre de la diapositive. La conversation d'aujourd'hui a donc pour thème la responsabilité partagée de la mise en œuvre de la Politique sur l'Inuit Nunangat, l'un des produits livrables du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne.

Examinons ensemble le logo de l'ITK. J'ai l'habitude de le mettre en évidence parce qu'il représente les Inuits et l'organisation, selon moi, et certaines personnes aiment bien certaines de ces caractéristiques cachées.

Dans le logo, vous pouvez voir quatre Inuits autour de la feuille d'érable canadienne. Inuit Tapiriit Kanatami signifie donc « Les Inuits sont unis au Canada » et c'est ce que le logo représente. Vous pouvez voir le drapeau canadien ici, au centre, et en dessous, un ulu, l'un des outils les plus importants de la culture inuite.

Deux des Inuits autour de la feuille d'érable sont des femmes, et les deux autres, des hommes, afin de témoigner de l'importance que nous accordons à l'égalité dans les communautés inuites. Les quatre personnes représentent aussi les quatre régions inuites.

En fait, la plupart des gens ne voient pas la feuille d'érable canadienne dès le début, c'est pourquoi j'aime commencer en faisant cette description.

Diapositive suivante, s'il vous plaît.

[La diapositive suivante, intitulée « Introduction », s'affiche.]

L'Inuit Nunangat est donc la terre des Inuits.

Pardonnez-moi, je n'arrive pas à bien voir le texte sur la diapositive. J'ignore si je peux... voilà. Je l'ai.

Donc, l'Inuit Nunangat est la terre des Inuits. Elle représente environ 40 p. cent de la masse terrestre du Canada. Comme vous le voyez sur la carte ici, il existe quatre régions inuites : la région de l'établissement de l'Inuvialuit, à l'ouest, le Nunavut, le territoire que la plupart des gens connaissent, le Nunavik, dans le nord du Québec et le Nunatsiavut dans le nord du Labrador.

L'Inuit Nunangat possède environ 72 p. cent de la ligne de côte du Canada. Plus de 70 500 Inuits vivent au pays, la plupart dans 51 communautés à l'échelle de l'Inuit Nunangat. Le tiers de ces résidents habitent dans des communautés de moins de 500 personnes et les Inuits ont la caractéristique unique d'être les propriétaires fonciers privés les plus importants au Canada.

Diapositive suivante, s'il vous plaît.

[La diapositive suivante, intitulée « Quatre régions, un peuple », s'affiche.]

Permettez-moi de vous en dire un peu plus sur l'Inuit Nunangat.

Il compte donc quatre régions, comme je l'ai mentionné plus tôt, chacune ayant son ou ses propres traités modernes et son organe de gouvernance. Il faut savoir que ce sont tous des traités modernes, ce qui rend le paysage politique très différent de celui des Premières Nations et des Métis. Encore une fois, ces régions sont l'Inuvialuit, le Nunavut, le Nunavik et le Nunatsiavut.

À l'heure actuelle, le Nunatsiavut est la seule région qui possède un gouvernement autonome, créé en 2005; les trois autres régions, y compris le Nunavut, travaillent activement à la conclusion d'accords d'autonomie gouvernementale. De nombreuses personnes croient à tort que le gouvernement territorial est un gouvernement inuit, alors qu'il s'agit en fait d'un gouvernement public. Ainsi, les Inuits du Nunavut sont en plein processus de création de leur gouvernement autonome.

Diapositive suivante, s'il vous plaît.

[La diapositive suivante, intitulée « L'ITK et le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne », s'affiche.]

L'Inuit Tapiriit Kanatami est notre organisation, l'organe qui représente les Inuits au Canada. Nous avons un conseil d'administration formé des présidents des quatre organes représentatifs régionaux dont je viens de parler.

Les dirigeants de chacune des organisations de revendication territoriale sont élus démocratiquement et ce sont eux, de concert avec les délégués régionaux à tour de rôle, qui élisent le président de l'ITK, que vous rencontrerez sous peu.

On trouve aussi au sein de notre conseil d'administration des membres sans droit de vote, qui sont Pauktuuit Inuit Women of Canada, le National Inuit Youth Council et l'Inuit Circumpolar Council Canada, afin de garantir la représentation de l'ensemble des populations de nos communautés.

Diapositive suivante, s'il vous plaît.

[La diapositive suivante, intitulée « Les Inuits au Canada », s'affiche.]

Permettez-moi de vous en dire un peu plus sur les Inuits au Canada.

La Loi sur les Indiens ne s'applique pas aux Inuits. Comme bon nombre d'entre vous le savent, j'en suis certain, elle ne s'applique qu'aux Indiens inscrits qui habitent dans les réserves et n'a jamais reconnu les Métis et les Inuits. Nous ne sommes donc pas des Indiens inscrits et nous n'avons pas les droits que confère la loi, ce qui rend notre situation très unique avec nos traités modernes.

Comme je l'ai mentionné, les Inuits sont un peuple titulaire de droits distinct, qui possède une histoire, une identité, une culture, une langue et un mode de vie qui leur sont propres. Bien entendu, nous formons l'un des trois groupes autochtones du Canada, mais nous avons en fait beaucoup plus de points communs avec d'autres Inuits à l'échelle mondiale, en Alaska, au Groenland, au Danemark et à Chukokta, en Russie, également.

Même si nous avons été colonisés respectivement par certaines des nations les plus puissantes au monde, nous avons beaucoup plus de points communs, et c'est ce qui est beau, selon moi. Nous avons encore beaucoup de points communs avec les Inuits et autres pays, y compris sur le plan linguistique et culturel, qui existent encore aujourd'hui.

Pensons, par exemple, à l'autonomie gouvernementale et à l'autodétermination, ainsi qu'aux traités modernes. L'inuktut, notre langue la plus commune, qui est parlée à grande échelle dans l'Inuit Nunangat à des taux différents. On voit des taux plus élevés au Nunavut et au Nunavik, tandis qu'ils sont plus faibles au Nunatsiavut et à l'Inuvialuit, sur les côtes ouest et est, en raison de leur exposition aux entités coloniales, aux colons et aux Occidentaux.

On parle donc couramment l'inuktut dans de nombreux ménages, mais la langue est en péril dans certaines régions. En outre, un grand nombre de locuteurs plus âgés décèdent, malheureusement, et les taux ne sont pas aussi élevés chez les jeunes Inuits. Il s'agit donc d'une grande priorité pour nous à l'ITK.

Diapositive suivante, s'il vous plaît.

[La diapositive suivante, intitulée « Les Inuits aujourd'hui », s'affiche.]

Voici une comparaison entre la population de l'Inuit Nunangat et de celle du Canada dans son ensemble.

Le revenu individuel moyen dans l'Inuit Nunangat est de 23 485 $ par rapport à 92 000 $ pour les non-Inuits dans l'Inuit Nunangat. Parmi les Inuits de l'Inuk Nunangat, 52 p. cent habitent dans des résidences surpeuplées, par rapport à 9 p. cent des non-Inuits de l'Inuit Nunangat. Parmi les Inuits, 34 p. cent détiennent un diplôme d'études secondaires, par rapport à 86 p. cent de tous les Canadiens, et 70 p. cent des ménages de l'Inuit Nunangat vivent dans l'insécurité alimentaire par rapport à 8 p. cent de tous les Canadiens.

[La diapositive suivante, aussi intitulée « Les Inuits aujourd'hui », s'affiche.]

Diapositive suivante, s'il vous plaît.

Poursuivons la comparaison. En ce qui concerne le nombre de médecins par habitant, on compte 30 médecins pour 100 000 résidents dans l'Inuit Nunangat par rapport à 119 pour 100 000 pour l'ensemble de la population canadienne. Le taux d'emploi dans l'Inuit Nunangat est d'environ 47,5 p. cent par rapport à 60,2 p. cent pour les Canadiens. L'espérance de vie dans l'Inuit Nunangat est de 72,4 ans par rapport à 82,9 ans pour tous les Canadiens, tandis que le taux de mortalité infantile chez les Inuits est de 12,3 par 100 000 habitants par rapport à 4,4 par 100 000 au Canada.

Nous tenions à vous présenter ces statistiques afin de vous donner une idée de la façon dont nous avons établi nos priorités et vous parler du genre de réalité contemporaine dans laquelle les Inuits vivent aujourd'hui par rapport à leurs concitoyens canadiens.

Merci beaucoup d'avoir pris la parole.

J'aimerais maintenant profiter de l'occasion pour vous présenter notre premier conférencier de la journée, le président Natan Obed, qui se joint à nous à partir de notre bureau d'Ottawa. Le président Obed nous parlera de l'histoire et de la vision de la Politique sur l'Inuit Nunangat, ainsi que de sa création et de son importance.

Accueillons maintenant le président Obed.

[Natan Obed apparaît dans un affichage distinct du vidéoclavardage.]

Natan Obed : Nakurmiik.

Merci, Mitch, je vous suis vraiment reconnaissant d'avoir donné ces renseignements généraux sur la gouvernance de l'Inuit Tapiriit Kanatami et sur un grand nombre des indicateurs socio-économiques clés que nous utilisons pour stimuler les conversations que nous avons avec les gouvernements et les Canadiens sur l'orientation que nous devons suivre ensemble.

Je suis président de l'ITK depuis maintenant sept ans. Je suis originaire de Nain, au Nunatsiavut. J'ai également habité à Iqaluit, au Nunavut, pendant 10 ans. Mes deux garçons, âgés de 15 et 13 ans, habitent toujours à Iqaluit, où ils fréquentent l'école et jouent au hockey.

J'entretiens donc des liens avec quelques-unes des régions de l'Inuit Nunangat. Après mes études universitaires, j'ai travaillé exclusivement pour les Inuits. J'ai commencé à travailler ici à l'ITK en 2002 et j'ai occupé différents postes depuis ce temps, mais ce travail d'envergure nationale a toujours été une source de fierté et un honneur pour moi. Il m'a également donné une perspective, au niveau technique principal, au niveau de cadre supérieur et maintenant, au niveau politique, que je peux utiliser dans la façon dont j'accomplis mon travail.

Avant de parler de la Politique sur l'Inuit Nunangat, je vous raconterai une anecdote, l'une des favorites de Wit Fraser. Wit, qui est l'époux de la gouverneure générale Mary Simon, était directeur exécutif à l'Inuit Tapiriit Kanatami lorsque Jose Kusugak en était le président. Pendant le mandat de Jose, nous avons eu la première occasion de cette ère moderne de travailler sur la réconciliation de manière utile avec le gouvernement du Canada. Paul Martin avait amorcé un processus qui visait à combler l'écart entre les résultats pour les peuples autochtones et le reste du Canada.

Ces efforts, qui ont exigé environ 18 mois à deux ans de travail, ont abouti à l'Accord de Kelowna. Nous avons collaboré en tenant compte des distinctions et des Premières Nations, des Inuits et des Métis, ce qui nous a permis de régler précisément les problèmes qui importaient le plus à nos yeux avec le gouvernement et de créer des solutions.

Cependant, au cours de cette période, nous pouvions également avoir des conversations avec les ministres et le premier ministre que nous n'avions jamais pu avoir auparavant. Dans le cadre d'une réunion en particulier, Jose a soulevé la question de l'accent sur les Inuits au sein du gouvernement fédéral et a demandé au premier ministre s'il célébrait la diversité multiculturelle du pays.

Le premier ministre à l'époque a répondu qu'il la célébrait absolument et qu'il était extrêmement fier de la nature multiculturelle du Canada. Jose lui a ensuite demandé s'il était fier des cultures distinctes des Métis, des Premières Nations et des Inuits du pays, ce à quoi Paul Martin a répondu qu'il en était tout à fait fier et que toutes ces cultures, ces langues et ces sociétés étaient d'une très grande importance.

Jose lui a ensuite demandé, et c'est le point saillant de la conversation, pourquoi le gouvernement les plaçait-il toutes dans le même panier lorsqu'il s'agit de travailler sur les questions autochtones?

À ce moment-là, pas une seule personne au gouvernement fédéral ne se concentrait sur les questions propres aux Inuits. Bon nombre des programmes fédéraux ne possédaient aucune composante visant particulièrement les Inuits. À ce moment-là, aucun langage utilisé au gouvernement fédéral n'était propre aux Inuits; à ce moment-là, le terme « Autochtones » désignait souvent les Premières Nations vivant dans les réserves.

Paul Martin a reconnu cette déficience et a fait sa part pour trouver une façon de créer une spécificité inuite dans les rouages du gouvernement, et c'est tout à son honneur. Le Secrétariat des relations avec les Inuit, qui a été pendant longtemps un secrétariat du ministère des Affaires indiennes et du Nord, était le fruit de cette conversation particulière.

En outre, en 2010, je crois, un point de convergence, avec le Bureau de la santé des Inuits, a été créé au sein de Santé Canada et ces deux organismes particuliers étaient destinés à apporter une certaine spécificité inuite au sein de la fonction publique.

Ces premiers efforts d'approches fondées sur les distinctions n'ont malheureusement pas été aussi couronnés de succès que nous l'aurions voulu et même si les personnes qui travaillaient dans ces domaines particuliers étaient passionnées et compétentes, le système élargi, bien souvent, a ravagé ou, dans bon nombre de cas, oublié de reconnaître le travail de ces domaines précis, car ils n'étaient pas directement liés aux bureaux ministériels ou aux sous-ministres. Les relations hiérarchiques étaient diffuses aux échelons de direction inférieurs et, en fin de compte, n'ont pas permis aux changements de systèmes auxquels nous tenions si désespérément de se concrétiser.

Tout cela pour dire que, depuis le début des années 2000, nous sommes à la recherche d'un partenaire au sein du gouvernement fédéral qui soit disposé à pratiquement mettre en œuvre l'approche fondée sur les distinctions, une reconnaissance de la relation de la Couronne avec les Inuits et des réalités précises avec lesquelles les Inuits doivent composer, qui sont très différentes de celles des Premières Nations et des Métis.

Ce n'est pas nécessairement dans le domaine culturel, car notre culture, nos valeurs communes et notre statut socio-économiques sont majoritairement semblables. C'est plutôt la façon dont nous avons été colonisés, dont les arrêts de la Cour suprême, et les lois, programmes et politiques du gouvernement fédéraux sont élaborés, qui diffère drastiquement selon le type de personne autochtone que l'on est dans ce pays.

Le gouvernement fédéral a donné plus de précisions en ce qui concerne la Loi sur les Indiens et les Premières Nations dans les réserves. Par conséquent, il a souvent imaginé sa réponse dans ce domaine stratégique en premier et dans d'autres domaines stratégiques pour d'autres formes de relations autochtones en second.

Donc, au cours des sept dernières années, nous avons tenté de faire progresser une Politique sur l'Inuit Nunangat à cause des répercussions négatives qui persistent dans nos rapports avec le gouvernement fédéral et la fonction publique, alors qu'il existe des différences si importantes dans l'application de nos droits et dans la mise en œuvre de programmes et services pour nos communautés par rapport aux Premières Nations et aux Métis.

En outre, les Inuits forment une population relativement peu nombreuse. On compte environ 65 000 Inuits au Canada et nos communautés sont très éloignées. Très peu de Canadiens visitent l'Inuit Nunangat, à moins de s'y rendre pour le travail, ou peut-être les plus aventureux, pour visiter des parcs nationaux ou des réseaux hydrographiques, ou pour aller pêcher, mais il s'agit de points de convergence très, très ciblés, où il faut être un expert dans son domaine ou être très passionné par un sujet donné pour visiter nos terres. Personne ne passe par nos terres.

Les liens sont tous nord-sud en ce qui concerne l'infrastructure de déplacement; il en coûte environ 2 500 $ pour un aller-retour Ottawa-Iqualuit, quand les choses se déroulent bien. C'est un vol direct de trois heures à partir d'Ottawa. Vous pouvez donc voir à quel point les coûts pour visiter l'Inuit Nunangat en tant que Canadien sont exponentiels.

Cela conduit donc à un niveau d'ignorance chez les Canadiens au sujet de l'Inuit Nunangat et des réalités des Inuits et je n'utilise pas le terme ignorance de façon négative. C'est seulement que la plupart des Canadiens n'ont rien appris sur nous à l'école et que le gouvernement fédéral n'a pas mené ses activités en tenant généralement compte des Inuits, particulièrement dans les ministères autres que Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, Services aux Autochtones Canada et peut-être Santé Canada ou l'Agence de la santé publique du Canada.

Donc, lorsque je parle à des ministres fédéraux ou à de hauts fonctionnaires dans mon rôle actuel, je dois m'assurer de dire que les Inuits ne sont pas visés par la Loi sur les Indiens ou qu'ils forment un peuple titulaire de droits distinct aux termes de l'article 35 de la Loi constitutionnelle, ou que toutes les régions inuites ont des traités modernes.

Nous entretenons des relations générales de cogestion avec le gouvernement du Canada dans nos territoires, ce qui signifie que ces 40 p. cent de masse terrestre du Canada dont Mitch a parlé tout à l'heure, l'entièreté de ces territoires, sont cogérés ou détenus directement par les Inuits. C'est une structure de gouvernance très différente de celle que l'on trouve dans le sud du Canada en ce qui concerne les Premières Nations ou les Métis. En outre, la majorité de notre population a l'inuktut comme langue maternelle.

En ce qui concerne les politiques publiques au sein de l'Inuit Nunangat, le fait que notre langue ne soit pas une langue menacée ou la langue de la majorité revêt une grande importance pour la prestation de services, particulièrement par le gouvernement fédéral. Je dois donc présenter les Inuits aux gens avec qui j'interagis et il en va de même pour les différents niveaux techniques supérieurs ou les niveaux de cadres supérieurs.

Ce n'est que l'une des réalités avec lesquelles nous devons composer lorsque nous travaillons sur des questions touchant les Inuits avec le gouvernement fédéral depuis que j'ai commencé à travailler, au début des années 2000.

Une Politique sur l'Inuit Nunangat perturberait donc l'ignorance systémique du gouvernement fédéral à l'égard de la façon dont il peut travailler avec les Inuits et respecter leurs droits, et dont il interagit avec chaque mesure législative, chaque programme, service ou politique destiné aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis.

En outre, nous devons trop souvent intervenir et corriger le tir avec les ministères fédéraux, qui font de leur mieux pour mettre en œuvre un programme, un service ou une mesure législative qui n'incluait bel et bien pas les Inuits dans ces processus.

À ce jour, nous entretenons encore des relations bien différentes avec les ministères fédéraux. Je pense immédiatement aux éléments positifs, comme la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits (DGSPNI), avec laquelle nous entretenons une relation depuis les 15 à 20 dernières années. Il s'agit réellement d'un modèle à suivre pour la façon dont d'autres ministères fédéraux peuvent travailler avec les Inuits et respecter les régions faisant partie des revendications territoriales des Inuits, ainsi que les droits des Inuits, qui sont distincts de ceux des Premières Nations ou des Métis.

Nous avons participé à des comités de la haute direction, siégé à des comités d'embauche de cadres supérieurs à la DGSPNI qui mettent l'accès sur des questions propres aux Inuits, et nous avons une longue histoire de mise en œuvre de programmes et services qui ciblent explicitement les régions faisant partie des revendications territoriales et les membres des communautés inuites de manière plus innovatrice, à mon avis, que peut-être d'autres ministères.

Nous avons également reçu un financement du gouvernement fédéral, au cours des trois ou quatre dernières années, qui reconnaît l'autodétermination des Inuits dans un certain nombre de secteurs de politiques et programmes différents, comme la prévention du suicide, la recherche sur la santé des Inuits et le financement de l'Enquête de santé auprès des Inuits, sans oublier le travail que nous faisons dans la lutte contre la tuberculose.

Ce sont d'excellents exemples de la façon dont nous aimerions travailler avec le gouvernement fédéral dans des domaines stratégiques ou sur une réforme du système ou encore la mise en œuvre de domaines d'intérêt axés sur les autochtones au sein du gouvernement fédéral.

Nous avons également travaillé par l'intermédiaire du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne au cours des six dernières années afin de déterminer ensemble des domaines prioritaires communs pour ensuite créer des plans de travail en vue de leur mise en œuvre.

La Politique sur l'Inuit Nunangat est l'un des fruits du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne. Nous l'avons déterminée en tant que domaine prioritaire commun il y a de cela quatre ans environ et nous avons passé les trois dernières années à l'élaborer et à la parachever. En avril 2022, le premier ministre et le gouvernement du Canada ont conclu un accord avec les Inuits sur le contenu de la Politique sur l'Inuit Nunangat et le premier ministre a annoncé l'adoption de la politique par le gouvernement fédéral à la fin de l'une des réunions du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne ici, à Ottawa.

Cette politique, même si elle a été rédigée avec les Inuits, est une politique fédérale. Elle vise à éclairer et à diriger le travail du gouvernement du Canada relatif aux questions propres aux Inuits et nous est grandement utile pour décrire les Inuits au gouvernement fédéral.

Dans ses premières pages, elle traite de l'Inuit Nunangat, des régions faisant partie des revendications territoriales, de la composition des Inuits canadiens dans le contexte d'un processus axé sur les droits et d'un processus d'établissement de relation avec le gouvernement fédéral. Elle met ensuite l'accent sur différents domaines stratégiques comme la recherche ou le développement économique, ou sur des questions socio-économiques plus générales.

Cette politique s'appliquera à l'échelle du gouvernement fédéral et nous espérons insuffler de la vie à cette politique précise du gouvernement du Canada. Pour ce faire, il faudra toutefois que la fonction publique et les dirigeants de tous les échelons de celle-ci fassent preuve de leadership et maintiennent l'esprit et l'intention de la politique dans sa mise en œuvre.

À l'avenir, nous espérons que la Politique sur l'Inuit Nunangat s'appliquera immédiatement à toute mesure législative, tout programme ou toute politique assorti de considérations propres aux Inuits, et que les Inuits seront consultés en conséquence. Ainsi, nous le souhaitons, cela mettra fin aux défis auxquels nous nous sommes toujours heurtés en tant que petite organisation, ici, à Ottawa, qui représente les Inuits à l'échelle nationale, consulte environ 30 ministères étranges afin d'essayer de leur dire ce dont ils doivent tenir compte après qu'une mesure législative, un programme ou une politique a été lancé.

Dans le cadre de la mise en œuvre, nous devons, à mon avis, nous concentrer sur deux points de convergence au cours des deux à trois prochaines années. Le premier se rapporte à ce dont je viens de parler, soit l'approche propre aux Inuits que le gouvernement fédéral peut adopter et les mesures pratiques à prendre pour accomplir le travail d'une manière propre aux Inuits.

Nous devons nous assurer d'avoir ces conversations et garantir qu'aux niveaux politique, exécutif et technique supérieurs du gouvernement du Canada, les ministères comprennent tous de la même manière la façon de mettre en œuvre cette politique efficacement et en partenariat avec les Inuits. Nous suivrons aussi la mise en œuvre de la Politique plus particulièrement par l'intermédiaire du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne et nous nous réjouissons à l'avance de voir comment cette politique peut être adoptée et comment nous pouvons aider à la mettre en œuvre.

Le deuxième point de convergence, selon moi, est lié à la façon dont cette politique peut être utilisée en amont. Pensez aux mécanismes que vous exécutez dans le cadre de votre travail, particulièrement en ce qui concerne les dossiers propres aux Autochtones, et à la façon de mettre en application la Politique sur l'Inuit Nunangat au début du travail au lieu de tenter de l'insérer vers la fin.

Dans les mémoires au Cabinet, par exemple. Dans les présentations au Conseil du Trésor, par exemple. Dans l'élaboration d'analyses de rentabilisation, par exemple. Ce sont toutes des structures officielles du gouvernement avec lesquelles la plupart des fonctionnaires ont quelque chose à voir, particulièrement aux échelons de la direction; c'est une grande partie de votre travail. Le fait d'infuser la Politique sur l'Inuit Nunangat dans ces domaines particuliers permettra de concrétiser pleinement l'intention commune de cette stratégie.

Nous sommes toujours aux prises avec des problèmes considérables dans nos communautés. Mitch a présenté certains de ces écarts socio-économiques dans son exposé; dans de nombreux cas, ils seront réglés dans la génération suivante. Nous savons aussi que même si le gouvernement fédéral est un partenaire plein de bonne volonté dans cet exercice, les provinces et les territoires contesteront certains aspects de la mise en œuvre de la politique au fil du temps, s'ils ne les contestent pas activement aujourd'hui.

Nous demandons donc à nos collègues fédéraux de nous appuyer et de nous défendre afin de relever ces défis pour atteindre le statu quo que nous aimerions voir se produire et que certains autres partenaires à ce processus ne voudraient pas voir se concrétiser.

Pour terminer, je vous donnerai le conseil suivant : essayez simplement de travailler avec vous afin de bâtir un Canada plus fort, de créer de meilleurs programmes et services, d'avoir une meilleure idée du respect des droits de la personne des Inuits et de riposter aux systèmes qui ont finalement déçu les Inuits jusqu'à présent.

Nous devons bâtir un Canada meilleur et nous devons aussi bâtir un Inuit Nunangat meilleur, et nous voulons le faire avec vous.

Nakurmiik, et je me réjouis à l'avance de participer à la discussion plus tard et de pouvoir répondre à certaines questions avec les autres panélistes.

Mitch White : Excellent. Merci beaucoup, président Obed.

Je tiens à vous rappeler que vous pouvez envoyer toute question que vous voulez poser au président Obed ou à l'un de nos autres panélistes qui se joindront à nous sous peu au moyen de l'icône de clavardage en forme de bulle située dans le coin supérieur droit de votre écran.

Je le répète, même si vous ne voyez pas votre question s'afficher, elle me sera tout de même transmise. N'hésitez pas à envoyer vos questions pour le président Obed ou l'un des panélistes qui se joindront à nous.

Sur ce, je remercie une fois de plus le président Obed.

J'invite maintenant Will David, directeur des Affaires juridiques à l'Inuit Tapiriit Kanatami, à se joindre à nous. Il nous parlera à partir de notre bureau d'Ottawa et nous discuterons des composantes techniques de la Politique sur l'Inuit Nunangat et de la façon dont les fonctionnaires comme vous peuvent la mettre en œuvre dans le cadre de leur travail quotidien.

Comme je l'ai indiqué, Isabella Pain, Valerie Gideon et Leah Beveridge se joindront à lui pour une discussion de groupe.

Accueillons maintenant Will David.

[Will David apparaît dans un affichage distinct du vidéoclavardage.]

Will David : Merci beaucoup, je suis très heureux d'être ici.

[S'exprime dans une langue autochtone]

J'ai passé la majeure partie de ma carrière à travailler dans le domaine des droits des Autochtones ou des politiques autochtones et je le mentionne uniquement parce que l'une des conversations auxquelles j'ai souvent été mêlé au cours de ma carrière portait sur la reconnaissance du fait que les droits des Autochtones existent, que l'autodétermination des Autochtones existe ou que certaines lacunes existent. En tant que fonctionnaires, que sommes-nous censés faire à ce sujet?

Je ne vous dirai pas que la Politique sur l'Inuit Nunangat est la réponse complète à cette question, mais je crois qu'il s'agit d'un pas monumental en avant.

Sur ce, passons à la prochaine diapositive.

[Une diapositive apparaît à l'écran et le texte suivant s'affiche :
« ITK et le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne »
« Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne – Mécanisme bilatéral s'appuyant sur le principe selon lequel un partenariat égal entre les Inuits et la Couronne est essentiel à la réconciliation »
« Priorités »                                                                                                                         
« Mise en œuvre des revendications territoriales des Inuits »
« Protection et promotion de l'inuktut »
« Mesures de réconciliation et femmes et filles autochtones disparues et assassinées »
« Éducation, apprentissage de la petite enfance et perfectionnement des compétences »
« Santé et mieux-être »
« Environnement et changements climatiques »
« Logement »
« Infrastructure »
« Souveraineté, défense et sécurité »
« Développement économique et approvisionnement »
« Priorités législatives »
« Affaires internationales »
« Surveillance et évaluation »]

Merci.

Comme le président Obed l'a mentionné, la politique est l'un des produits du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne (CPIC). Comme vous le voyez ici, le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne a fait progresser un ensemble de priorités. Pour ceux qui connaissent la terminologie, il s'agit de l'un des trois mécanismes bilatéraux permanents.

Je tiens à mentionner, en ce qui concerne cette diapositive sur les priorités, que les priorités sont élaborées en fonction des secteurs prioritaires que les dirigeants inuits ou les responsables fédéraux proposent Ce ne sont pas nécessairement les priorités des Inuits seulement qui sont indiquées ici. Le gouvernement fédéral peut aussi le faire et il a proposé diverses priorités pendant les travaux du CPIC et le fonctionnement du comité en soi repose sur le consentement de toutes les parties.

Ainsi, tous s'entendent sur le fait que ces priorités valent la peine d'être poursuivies par l'intermédiaire du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne et des travaux sont effectués, encore une fois, dans le cadre de plans de travail conjoints, d'éléments de plan de travail et d'efforts conjoints pour soumettre des propositions visant à présenter de nouveau ces priorités au Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne, qui est formé de dirigeants inuits et fédéraux, aux fins d'approbation.

Diapositive suivante.

[La diapositive suivante apparaît et le texte suivant s'affiche :
« Une voie à suivre commune »
« La Politique sur l'Inuit Nunangat est la première politique pangouvernementale globale élaborée conjointement avec le gouvernement fédéral »
« Février 2017 – Création du Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne »
« Mars 2020 – La Politique sur l'Inuit Nunangat devient une priorité commune du CPIC »
« Avril 2022 – Annonce de la Politique sur l'Inuit Nunangat par le premier ministre et le président d'ITK à la suite de son approbation par les dirigeants fédéraux et inuits »]

Merci.

Afin de reconnaître le genre d'échéancier sur lequel nous travaillons, le Comité de partenariat entre les Inuits et la Couronne a été formé après l'approbation conjointe de la Déclaration de l'Inuit Nunangat en 2017. L'élaboration de cette politique est devenue une priorité conjointe du CPIC et, en mars 2020, après une grande quantité de travail rigoureux, je dirais, exécuté par les représentants inuits et fédéraux, la politique a été remise et ensuite présentée au CPIC, approuvée par les dirigeants inuits et fédéraux, et annoncée par la suite en tant que politique par le premier ministre.

À notre connaissance, cela fait de la Politique sur l'Inuit Nunangat la première politique pangouvernementale élaborée conjointement par le gouvernement fédéral et les peuples autochtones.

Diapositive suivante, s'il vous plaît.

[La diapositive suivante apparaît et le texte suivant s'affiche :
« Qu'est-ce que la Politique sur l'Inuit Nunangat accomplit? »
« Pourquoi une Politique sur l'Inuit Nunangat? »
« La Politique sur l'Inuit Nunangat s'applique à l'ensemble des politiques, programmes, initiatives ou services fédéraux nouveaux ou renouvelés liés à l'Inuit Nunangat ou dont les Inuits tirent avantage. »
« Son but : Promouvoir la prospérité, le soutien communautaire et le bien-être individuel afin de créer une équité socio-économique et culturelle entre les Inuits et les autres canadiens »
« Promouvoir l'autodétermination des Inuits »]

Alors, pourquoi une Politique sur l'Inuit Nunangat? Clairement, le président Obed a exposé un certain nombre de problèmes dans l'état actuel des choses. La politique ne vise pas seulement à cerner ces défis; elle vise en fait à tracer une voie à suivre pour les surmonter. Nous avons donc sélectionné certains des problèmes les plus ardus et tenté d'y remédier au moyen d'une orientation stratégique précise.

À mon avis, la politique se concentre beaucoup, particulièrement en ce qui concerne l'ensemble des programmes, services et initiatives, sur l'amélioration de l'accessibilité de ces politiques, programmes et services aux Inuits. Il peut s'agir d'éléments aussi simples que les obstacles pratiques, comme les obstacles linguistiques et la connaissance des politiques, programmes et services, et des obstacles plus techniques que l'on trouve dans les modalités, par exemple, pour un financement ou des services qui excluent par inadvertance les organisations inuites visées par un traité ou les Inuits de ces programmes, et l'optimisation de l'incidence.

Le double objectif d'accroître l'accessibilité et d'optimiser l'incidence des programmes fédéraux est réellement l'un des objectifs fondamentaux de la politique, en plus des deux points indiqués ici, soit la promotion de l'autodétermination et de la prospérité, de la communauté et du bien-être individuel, ainsi que de l'équité socio-économique et culturelle.

Diapositive suivante.

[La diapositive suivante apparaît et le texte suivant s'affiche :
« Engagements de la Politique de l'Inuit Nunangat »
« Reconnaître que l'Inuit Nunangat est une région géographique, culturelle et politique distincte »
« Améliorer la coordination à l'échelle du gouvernement fédéral »
« Soutenir l'autodétermination »
« Reconnaître l'inuktut en tant que première langue utilisée dans l'Inuit Nunangat »
« Garantir des approches fondées sur les distinctions et propres aux Inuits »
« Respecter les droits ancestraux »
« Garantir que les politiques et programmes fédéraux ne désavantagent pas les Inuits »
« Songer à fournir un financement propre aux Inuits »
« Mettre en œuvre les droits affirmés par la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones »]

D'accord, merci.

Sur cette diapositive, vous pouvez voir les engagements en ce qui concerne ce que fait la Politique sur l'Inuit Nunangat. Je choisirai quelques points simples, mais saillants, qui ressortent de la politique.

Par exemple, comme mon collègue Mitch l'a indiqué, le conseil de l'ITK est formé des quatre organisations établies en vertu d'un traité et de trois participants permanents, qui sont tous nommés dans la politique. La politique indique très clairement qui participe à l'élaboration conjointe et donne même des directives quant au moment où les organisations inuites ou d'autres devraient être consultées et à la façon dont elles devraient l'être.

Cela peut faire gagner du temps à ceux qui cherchent réellement à consulter les Inuits. La politique détermine et expose précisément qui sont les organisations fondées sur les distinctions dans le contexte de l'exercice d'élaboration conjointe. Elle suggère, par exemple, par souci d'accessibilité, d'encourager le gouvernement fédéral à soutenir l'inuktut dans la mesure du possible.

Elle encourage également l'octroi d'un financement destiné particulièrement aux Inuits. Elle appuie l'autodétermination dans les cas où les Inuits souhaitent faire la transition vers l'autonomie gouvernementale et dans ceux ils ne souhaitent pas la faire. Elle reconnaît l'importance de la délégation.

Diapositive suivante, s'il vous plaît.

[La diapositive suivante apparaît et le texte suivant s'affiche :
« Engagements de la Politique sur l'Inuit Nunangat »
« Ce que la nouvelle politique ne fait PAS »
« Créer un nouveau territoire »
« Créer des obligations juridiques ou avoir préséance sur les revendications territoriales »
« Compromettre les lois en matière de protection des renseignements personnels ou d'accès à l'information »
« S'engager à accorder automatiquement la priorité aux intérêts des Inuits »
« Envisager des transferts de compétence »
« Miner la sécurité ou la défense nationales »]

La politique ne crée aucun nouveau territoire ou aucune nouvelle compétence.

Non seulement elle ne crée pas d'obligations juridiques ou n'a pas préséance sur les revendications territoriales, mais elle appuie la mise en œuvre des revendications territoriales, et elle ne s'engage pas à accorder de quelque façon que ce soit la priorité aux Inuits. L'idée ici est de garantir l'inclusion des Inuits dans le champ d'application, particulièrement celui des politiques d'application générale, ainsi que celles qui touchent tous les peuples autochtones.

Diapositive suivante.

[La diapositive suivante apparaît et le texte suivant s'affiche :
« Quelle est la prochaine étape? »
« Financement de 25 millions de dollars sur cinq ans pour sa mise en œuvre »
« Élaborer un cadre de gouvernance »
« Les organismes centraux devraient jouer un rôle de leadership crucial »
« Approche pangouvernementale »
« Renforcement des capacités des organisations inuites »
« Communication et éducation »
« Les promesses faites aux Inuits comprennent l'inuktut, l'infrastructure et le logement »]

Quelle est la prochaine étape?

À l'heure actuelle, je serais porté à croire que nous sommes réellement dans la phase de sensibilisation accrue à l'égard de la politique et du début de sa mise en application dans des domaines prioritaires précis ainsi qu'à l'échelle du gouvernement.

Je dirais que nous ne nous attendons pas nécessairement à ce que la politique soit entièrement mise en œuvre immédiatement, mais nous sommes intéressés et nous collaborons avec les organismes centraux et d'autres afin de garantir que la politique peut réellement s'appliquer dans tous les ministères et organismes qui n'ont peut-être pas une vaste expérience du travail avec les Inuits ou les peuples autochtones.

Diapositive suivante.

[La diapositive suivante apparaît et le texte suivant s'affiche :
« Intégrer la Politique sur l'Inuit Nunangat à votre travail quotidien »
« Passé – Le changement représente un risque »
« Présent – Le statu quo représente un risque »]

Comme je l'ai mentionné, nous ne nous attendons pas à ce qu'un changement se produise du jour au lendemain en ce qui concerne la politique. Je crois toutefois que les dirigeants inuits et, selon moi, les dirigeants fédéraux également ont cette attente établie selon laquelle le système actuel, ou historique, que nous avons, le statu quo, ne représente tout simplement pas une voie à suivre acceptable pour la suite des choses.

En fait, c'est sans doute plus risqué, du point de vue de la politique, de poursuivre sur la lancée organisationnelle actuelle, c'est-à-dire « voici comment nous menons nos activités et voici comment nous devrions les mener à l'avenir ». La politique a un autre objectif et envoie un signal très clair que le monde évolue, tout comme l'Inuit Nunangat et le Canada, et que le gouvernement doit réellement modifier ses activités et son fonctionnement, sans oublier sa culture.

Ainsi, la Politique sur l'Inuit Nunangat indique très efficacement la direction que doit suivre le changement afin qu'il soit avantageux pour les Inuits et pour les Canadiens en général.

Diapositive suivante.

[La diapositive suivante apparaît et le texte suivant s'affiche :
« Intégrer la Politique sur l'Inuit Nunangat dans votre travail quotidien »
« La Politique sur l'Inuit Nunangat vous donne des leviers stratégiques en tant que fonctionnaires, mais c'est vos gestes individuels et collectifs qui permettront de la mettre en œuvre de façon utile. »
« Le travail en amont lié à la Politique sur l'Inuit Nunangat est essentiel à ce qui suit :
Élaboration d'analyses de rentabilisation
Présentations au Conseil du Trésor
Mémoires au Cabinet »
« Soyez un allié et un leader. Nous avons besoin de champions à tous les ordres de gouvernement, y compris aux niveaux politique, exécutif, technique et stratégique. »]

Je tiens à mentionner que même si la politique n'ordonne pas les mesures à prendre pour un certain nombre d'éléments différents, elle fournit tout de même une orientation, particulièrement aux fonctionnaires qui souhaitent apporter les changements requis pour garantir l'inclusion des Inuits dans les politiques, initiatives et programmes fédéraux.

Pour que la politique soit couronnée de succès, il faut réellement que tous les fonctionnaires comme vous agissent. Ce qui est à retenir, ici, c'est que si les ministères sont remplis de bonne volonté, qu'ils sont intéressés et qu'ils sont disposés à faire progresser l'équité sociale au Canada et à l'échelle de l'Inuit Nunangat, la politique actuelle fournit les directives nécessaires pour les aider à le faire.

Je dirais que le cadre de mise en œuvre dont il a été question deux diapositives plus tôt est réellement là pour aider les organismes centraux, le personnel des politiques, le personnel des programmes, les chercheurs et d'autres à penser à la façon d'intégrer l'approche de la Politique sur l'Inuit Nunangat dans leur travail.

Diapositive suivante.

[La diapositive suivante apparaît et le texte suivant s'affiche : « Merci ».]

Je vous remercie grandement.

Sur ce, je vous présente un groupe de discussion formé de trois présentatrices. Nous avons choisi trois présentatrices différentes ayant des expériences diversifiées dans l'élaboration ou la mise en application de la politique pour notre groupe de discussion.

Encore une fois, comme c'est le cas avec les autres présentateurs, veuillez utiliser l'icône en forme de bulle située dans le haut de votre écran si vous voulez poser une question. Nous l'approuverons et nous y répondrons pendant la période de questions et réponses.

Notre groupe de discussion est formé de Valerie Gideon, Isabella Pain et Leah Beveridge. Je les présenterai à tour de rôle.

Commençons avec Valerie Gideon, sous-ministre déléguée de Services aux Autochtones Canada.

Valerie Gideon : Merci beaucoup.

Je tiens d'abord à reconnaître que je me trouve sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin.

[Valerie Gideon apparaît dans un affichage distinct du vidéoclavardage.]

Je suis la sous-ministre déléguée, mais je suis aussi membre de la Nation Mi'kmaq de Gesgapegiag et mère de deux jeunes filles membres des Premières Nations qui font ma fierté.

C'est un véritable privilège d'être invitée ici.

Je pense à ralentir le rythme pour la traduction en français.

Au cours des 10 minutes qui m'ont été allouées, j'aimerais vous raconter un peu mon expérience professionnelle et personnelle de mon travail avec des dirigeants inuits en tant que fonctionnaire fédérale et vraiment en tant que cadre, mais je dirais que mon expérience remonte à plus longtemps que cela.

En fait, j'ai eu le privilège, quand je travaillais à l'Assemblée des Premières Nations, de travailler sur le processus de l'Accord de Kelowna. Le président Obed en faisait aussi partie et une grande partie de ce qu'il vous a dit sur le premier ministre Paul Martin et sur l'ouverture des provinces et des territoires à ce moment-là était aussi une possibilité qui ne s'est malheureusement pas concrétisée, mais elle a bel et bien établi des portes ouvertes avec le gouvernement fédéral pour commencer à créer des possibilités de changement.

En ce qui me concerne, en 2011, j'avais décidé de me joindre à la fonction publique fédérale deux ans plus tôt, mais j'étais très concentrée sur la santé des Premières Nations à ce moment-là et je dirigeais des opérations régionales dans des communautés des Premières Nations, donc, en 2011, je suis devenue directrice générale des Politiques pour la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits.

J'avais plaidé en faveur d'un changement concernant de nombreux aspects des activités de la Direction générale dans le cadre de mon travail à l'Assemblée des Premières Nations (APN) et je collaborais étroitement avec le directeur de la santé de l'ITK à ce moment-là, ce qui m'a rapidement permis de constater que bon nombre des structures, des politiques ou des processus pouvaient être changés. Ils ne nécessitaient pas tous une décision du Cabinet ou une décision de financement.

À ce moment-là, un autre gouvernement était au pouvoir et les priorités autochtones n'étaient pas nécessairement la principale préoccupation, particulièrement dans le domaine de la santé. J'ai donc estimé qu'il s'agissait du bon moment, en fait, pour que les fonctionnaires fédéraux jouent réellement un rôle plus actif dans la promotion du changement de l'intérieur.

Il n'y avait réellement aucune raison de rester assis là et d'être inactifs et se sentir paralysés, en quelque sorte, parce que les politiques n'allaient peut-être pas dans la direction souhaitée. Il y a encore beaucoup de choses que l'on puisse faire en travaillant dans le système. Nous avons donc décidé de lancer l'élaboration du premier plan stratégique de la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits. Même si la Direction générale existait depuis plus d'un siècle, aucun plan stratégique n'avait jamais été créé pour elle.

Au lieu de créer ce que le gouvernement fédéral fait souvent, c'est-à-dire mettre en place un processus de consultation qu'il a lui-même conçu, nous avons en fait demandé d'être invités à participer aux mécanismes de gouvernance déjà en place dans le contexte des Premières Nations et des Inuits.

Nous avons donc été invités au Comité national inuit sur la santé, dont Gayle Turner était présidente, et le président Obed était le président du Comité à l'époque, et ils ont organisé ces discussions et les ont structurées avec nous. Nous écoutions et nous voulions aussi garantir que tous puissent suivre le rythme du processus.

Je crois que ce plan stratégique a réellement créé l'impulsion requise dans la Direction générale pour tous les employés, qu'ils travaillent dans un bureau régional ou à l'administration centrale, pour qu'ils se voient comme des champions et qu'ils voient qu'ils pouvaient avoir les moyens de faire les choses différemment. C'était comme leur donner la permission de pouvoir penser différemment.

Le président Obed a cité en exemple notre comité de la haute direction à la direction générale. L'APN et l'ITK étaient membres de ce comité, mais ils ne faisaient pas partie du processus décisionnel complet, car il y avait un comité parallèle. Il y avait donc deux comités. Il y avait le comité de direction de la direction générale et le comité de la haute direction, et c'est celui qui prenait réellement les décisions, mais nous étions invités à participer à ses réunions.

Bon nombre des présentations étaient en fait présentées en double. C'était assez drôle à l'époque. Les gens ne le faisaient pas intentionnellement, en guise d'insulte ou de façon purement symbolique, mais ils n'étaient pas prêts à participer à un processus décisionnel commun.

L'un des changements que le plan stratégique a dirigés a été l'élimination de ce processus en double, et l'APN et l'ITK ont été inclus dans toutes les conversations que nous avions au niveau de la haute direction. Lorsque je suis devenue sous-ministre adjointe principale dans cette direction générale, je peux vous dire en toute honnêteté que je ne rencontrais pas séparément l'équipe de cadres de la direction générale sans la présence de l'APN et de l'ITK. Je trouvais extrêmement important de leur donner accès à l'information au même moment.

L'autre aspect était la consultation et la participation des représentants des Inuits et des Premières Nations aux principaux processus de dotation à la haute direction. Lorsque nous avons pourvu le poste de directeur régional du Nord, par exemple, le président Obed, qui n'était pas président à l'époque, s'est libéré pour nous et a participé au processus. Nous avions un représentant du Conseil des Premières nations du Yukon et un SMA du gouvernement territorial du Yukon. C'était le comité.

Vous pouvez donc imaginer qu'une fois que vous déterminez la personne qui exercera ce rôle d'ambassadeur important dans votre direction générale, cette personne est déjà avantagée par le fait qu'elle a été sélectionnée par des partenaires fondamentaux avec qui elle devra travailler. Il y a donc déjà un fondement de confiance établi. Nous avons ensuite connu de grands succès, je dirais. Nous avons établi un accord de partenariat avec le Comité national inuit sur la santé.

Permettez-moi d'en dire un peu plus à ce sujet, je n'ai pas beaucoup de temps, mais je dirai seulement avant de passer au contexte après 2016, en quelque sorte, qui a sans aucun doute changé la donne, j'étais en congé de maternité pour la deuxième fois, j'allaitais mon bébé et je n'étais pas connectée au travail, mais quelqu'un m'a envoyé un article rédigé par le président Obed dans le Northern Journal sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) et le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause.

J'ignore si vous vous souvenez de cet article; quant à moi, je me souviens qu'il parlait du travail que la Direction générale de la santé des Premières nations et des Inuits avait fait sur le plan stratégique en tant que premier exemple de la façon dont nous pourrions bâtir à partir de celui-ci et nous pencher sur la mise en œuvre de la DNUDPA.

Je vous avoue que ce fut un moment très émotif pour moi. Je me suis dit : « Oh mon Dieu ». Parmi tous les moments de ma carrière, et j'ai eu la chance d'en vivre de nombreux, celui-ci fait partie des cinq plus importants où j'ai senti que j'avais réellement contribué à quelque chose. Il s'agissait d'une incroyable réalisation et j'ai parlé de cet article pendant des années.

J'en parlais lorsque je participais à des séances d'orientation pour les nouveaux fonctionnaires et particulièrement les nouveaux fonctionnaires autochtones ou à tout autre type de séance. Je disais toujours que l'on ne peut pas dire qu'il ne s'agit pas d'une priorité ministérielle ou que nous n'avons pas eu d'argent dans le budget, point final. Nous avons un rôle à jouer, un rôle important d'intendance, qui est désormais reconnu par tous, pour faire progresser la réconciliation. Nous devons donc faire tout ce que nous pouvons pour garantir que le système y est réceptif.

Nous avons ici un exemple d'outil-phare exceptionnel, et le cadre qui a été approuvé par le premier ministre et les ministres, que les dirigeants inuits nous donnent afin de nous montrer comment faire les choses. C'est un cadeau. Nous n'avons pas à l'expliquer. Nous n'avons pas à le comprendre. Nous n'avons seulement qu'à le mettre en œuvre dans nos contextes.

Pour terminer, je vous donnerai deux exemples. Dans le budget de 2017, nous avons réussi à obtenir un montant d'investissement considérable pour les programmes de santé dont l'année de base n'avait pas changé depuis longtemps. Il était très important de garantir que le financement qui serait distinct pour les Inuits répondrait véritablement à leurs priorités et qu'il pourrait être mis en œuvre par les organisations de revendication territoriales inuites ou d'autres partenaires.

Nous n'avions pas le temps, entre l'annonce du budget et la présentation au Conseil du Trésor, d'exécuter un processus complet avec le Comité national inuit sur la santé. J'ai donc négocié avec le Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada afin de faire deux présentations, soit une présentation initiale pour obtenir la première année de ce financement quinquennal, et une autre présentation, élaborée conjointement avec les Inuits et le Comité, qui exposerait tous les plans en détail.

Étant donné que le système nous contraint souvent à prendre des décisions à la hâte, nous n'avions d'autre choix. Nous présentons donc tous ces renseignements, nous tenons des consultations et nous apprenons ensuite que ce que nous avons présenté ne fonctionnera pas. Alors, que faisons-nous? Obtenir un compromis par la force? Souvent, nous le faisons, mais il n'est pas nécessaire de procéder ainsi.

Il existe une façon d'avoir une conversation avec des partenaires afin de leur demander si cela fonctionne pour eux. Dans cet exemple, il s'agissait de l'approche qui avait été mutuellement convenue et elle a mieux réussi à maximiser les possibilités liées à ces investissements.

Voici le dernier conseil que je tiens à vous donner : souvent, nous concevons une initiative ou des ministres proposent l'idée, ou celle-ci émergera d'un autre processus ou d'une autre initiative, et donnera lieu à une enveloppe ou à un processus fondé sur les distinctions dans ce contexte.

Il existe une autre façon de faire les choses : accepter un élément de travail créé par une organisation, un gouvernement ou des dirigeants inuits, comme la Stratégie nationale de prévention du suicide chez les Inuits, l'élimination de la tuberculose ou l'Enquête permanente sur la santé des Inuits. Ce sont tous des exemples où nous avons plaidé en faveur d'une initiative conçue par les Inuits pour accéder au financement.

Nous ne l'avons pas associée à une autre initiative. Nous n'avons pas dit : « nous avons besoin d'une grande stratégie nationale et voici la composante qui ciblera les Inuits ». Nous avons dit : « voici une stratégie qui doit être financée » et le système a répondu. Il y a répondu.

Je dirais donc que nous devons parfois aussi penser au fait que nous n'avons pas besoin de tout concevoir. Nous n'avons pas besoin de consulter directement nous-mêmes ou dans le cadre d'un processus distinct. Nous pouvons écouter. Nous pouvons être réceptifs autrement. Nous pouvons céder le pas à ce leadership et nous acquitter de notre rôle dans le système afin de pouvoir concrétiser ces idées.

Je vous remercie une fois de plus de m'avoir donné cette occasion de vous parler. C'est un véritable privilège, qui me rend très humble. Je répondrai avec plaisir à vos questions.

Merci beaucoup.

Will David : Merci beaucoup, Valerie.

Écoutons maintenant Isabelle Pain, sous-ministre du Secrétariat du Nunatsiavut et du Secrétariat du Conseil exécutif du gouvernement du Nunatsiavut. Elle se joint à nous à partir de Nain, Nunatsiavut, afin de nous donner une perspective quelque peu différente sur les politiques et sur l'importance de la souplesse et du travail du gouvernement.

[Isabella Pain apparaît dans un affichage distinct du vidéoclavardage.]

Isabella Pain : Nakurmiik, Will, et merci de m'accueillir aujourd'hui.

Je suis réellement ravie d'être ici avec vous aujourd'hui afin de vous expliquer brièvement la raison pour laquelle la Politique sur l'Inuit Nunangat est importante pour les Inuits du Canada et de discuter quelque peu de ce que nous devons tous faire, à mon avis, pour en assurer la mise en œuvre.

Je vais utiliser des exemples du Nunatsiavut afin d'expliquer comment, par le passé, le Nunatsiavut a été laissé pour compte à cause de lacunes dans les politiques fédérales. Nous espérons que la mise en œuvre de la Politique sur l'Inuit Nunangat que nous examinons aujourd'hui permettra de pallier ces lacunes.

Afin de vous situer, le Nunatsiavut a été créé à la suite de la nouvelle revendication territoriale du labrador signée par le gouvernement du Canada, la province de Terre-Neuve-et-Labrador et les Inuits du labrador en 2005. Nous sommes situés dans une province, au sud du 60e parallèle.

En raison de ces deux caractéristiques, le gouvernement du Nunatsiavut et tous ses bénéficiaires ont souvent, et pendant de nombreuses années, été exclus de certains programmes et certaines initiatives du gouvernement fédéral, particulièrement les programmes de financement fédéraux. Certains de ces programmes sont des initiatives qui ciblent principalement les Inuits d'autres régions, comme ceux qui habitaient dans les territoires situés au nord du 60e parallèle ou qui étaient des Premières Nations dans les réserves.

Nous croyons que cette situation devrait changer à l'échelle du système si la Politique sur l'Inuit Nunangat est mise en œuvre correctement, grâce à une approche pangouvernementale plutôt qu'une approche progressive programme par programme.

J'utiliserai le logement en tant qu'exemple pour illustrer mes propos. Les programmes de logement fédéraux visaient souvent les provinces, les territoires ou les Premières Nations dans les réserves. Le gouvernement du Nunatsiavut n'était pas admissible à ce financement, étant donné que nous sommes situés au sud du 60e parallèle et dans une province. Nous avons toutefois reçu un financement ponctuel de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) à un moment donné, mais il devait être transféré par le gouvernement provincial. Le gouvernement fédéral n'avait aucune façon de permettre le transfert direct de ce financement au gouvernement du Nunatsiavut afin de fournir un logement à ses bénéficiaires.

Le gouvernement du Nunatsiavut a porté ce problème à l'attention du Bureau du vérificateur général en 2014 et, dans le rapport de la vérificatrice générale de 2015, il a été recommandé qu'Affaires autochtones et Développement du Nord Canada, en collaboration avec le gouvernement du Nunatsiavut et la province de Terre-Neuve-et-Labrador et d'autres entités fédérales comme la SCHL, trouvent une solution pour remédier à l'absence de programmes de logement fédéraux pour les Inuits qui habitent au sud du 60e parallèle.

Cette recommandation n'est jamais vraiment allée nulle part, mais nous avons commencé à voir des changements et nous avons été en mesure de recevoir un financement direct du gouvernement du Canada dans le budget de 2016. Depuis, le gouvernement du Nunatsiavut a reçu d'autres transferts de financement parce que l'ITK et les quatre régions inuites ont travaillé de concert en vue d'avoir des affectations budgétaires destinées particulièrement aux Inuits.

Nous croyons que si nous adoptons une approche de l'Inuit Nunangat pour des dossiers comme le financement du logement, nous n'aurons plus à essayer de correspondre à chaque programme ou à chaque initiative de façon individuelle, mais nos préoccupations et nos problèmes seront pris en considération et réglés à mesure que les programmes et politiques sont élaborés. Nous songerons aux différences entre les régions et nous tiendrons compte de ces différences dans la conception des programmes et des politiques.

Il s'agit selon nous d'une excellente nouvelle, car les approches propres aux Inuits ont tendance à générer des avantages plus directs sur le terrain dans nos collectivités. Nous savons où sont les besoins et quelles sont les meilleures façons d'utiliser les ressources limitées pour répondre à ces besoins, au lieu de passer par les provinces ou des tiers afin que ceux-ci fournissent de temps à autre les soutiens nécessaires aux communautés inuites du Labrador.

L'approche qui a été utilisée précédemment ne respectait pas le principe d'autodétermination des Inuits.

Un autre exemple qui touche le financement propre aux Inuits est l'infrastructure. Je vais parler de la bande d'atterrissage de Nain, que bon nombre d'entre vous ne connaissent pas beaucoup, mais qui a été un dossier prioritaire pour le gouvernement du Nunatsiavut depuis un certain nombre d'années, car la piste actuelle n'est pas éclairée, ce qui signifie qu'aucun vol ne peut atterrir une fois la nuit tombée. Aucun feu ne sera ajouté, car cela est jugé dangereux. Il est donc impossible d'atterrir la nuit.

Nous travaillons depuis des années avec des organismes et des ministères comme l'Agence de promotion économique du Canada atlantique et Transports Canada et nous avons finalement réussi à exécuter les travaux qui nous ont menés à l'étape de la faisabilité d'un nouvel emplacement pour une autre bande d'atterrissage. Le fait d'allouer le financement directement au gouvernement du Nunatsiavut plutôt qu'à la province de Terre-Neuve-et-Labrador nous a permis de faire avancer ce projet urgent.

Il est urgent à cause des changements climatiques, étant donné que la piste d'atterrissage actuelle s'érode sous l'effet de la hausse du niveau de la mer. Nous sommes donc à l'étape initiale de la bande d'atterrissage de Nain, et le fait d'avoir reçu directement le financement nous a permis d'obtenir un financement provincial par effet de levier, ce que nous n'avions pas réussi à faire auparavant. Toutefois, lorsque nous avons eu accès au financement fédéral direct, le gouvernement fédéral a été en mesure de travailler avec la province et d'obtenir un financement provincial par effet de levier pour mener cette étude de faisabilité et il a également commencé à jouer un rôle plus constructif avec nous.

La Politique sur l'Inuit Nunangat peut étendre ce genre d'approche à l'échelle du gouvernement, ce qui appuie plus directement les priorités des Inuits par l'intermédiaire des revendications territoriales et des signataires de traités plutôt que des tiers, ce qui, en fin de compte, donne lieu à un scénario où tous les autres ordres de gouvernement appuient plus directement les communautés inuites et les priorités des Inuits.

La Politique sur l'Inuit Nunangat demande aux décideurs de songer aux quatre régions inuites de l'Inuit Nunangat dans la conception de politiques, de programmes, de services et d'initiatives, y compris ceux d'application générale.

La Politique sur l'Inuit Nunangat demande donc essentiellement aux fonctionnaires fédéraux d'accorder la priorité à l'autodétermination des Inuits, de donner aux Inuits la possibilité de travailler directement avec le gouvernement fédéral sur ses ou nos questions prioritaires communes. Elle demande aussi de travailler en partenariat avec nous dès le début afin de concevoir des politiques, des programmes, des services et des initiatives en conséquence, et dans le cadre d'une transition pangouvernementale bien menée vers une mise en œuvre utile de la politique, d'accélérer les progrès sur ces questions et d'offrir une meilleure valeur aux Inuits et à tous les Canadiens.

Nakurmiik.

Merci de m'avoir accordé ce temps.

Will David : Merci beaucoup.

Écoutons maintenant Leah Beveridge, pour clore notre groupe de discussion. Elle est conseillère en politiques au bureau du directeur général du Secrétariat de la réconciliation et possède une expérience de l'élaboration de la Politique sur l'Inuit Nunangat elle-même.

Leah Beveridge : Merci beaucoup. C'est un véritable honneur d'être ici. Le fait d'être ici, avec le président Obed, ainsi qu'Isabella, Valerie et vous, Mitch, me rend incroyablement humble.

Comme vous l'avez dit, je m'appelle Leah Beveridge.

[ Leah Beveridge apparaît dans un affichage distinct du vidéoclavardage.]

Je ne travaille pas actuellement sur la politique en soi, mais j'ai été l'analyste principale de son élaboration conjointe. On a fait appel à mes services peu de temps après que les Inuits ont présenté au gouvernement fédéral la première ébauche de la politique.

Personnellement, je croyais qu'elle était fabuleuse. Vous m'avez épargné une grande quantité de travail. Cependant, elle a réellement donné un point de mire à nos conversations lorsque nous parlions d'élaboration conjointe. Toutefois, je sentais que nous avions les conversations les plus utiles lorsque nous étions concentrés sur le « pourquoi ». Pourquoi essayons-nous d'inclure ce texte au lieu de nous concentrer sur les mots précis que nous utilisons?

Parce qu'une fois que nous avons compris toutes les questions auxquelles nous tentions de répondre, les objectifs réels que nous avions, de la même façon, il est devenu beaucoup plus facile de négocier le texte qui respectait les objectifs des Inuits et qui le faisait de façon réalisable du point de vue du gouvernement fédéral.

Comme je l'ai mentionné, cette politique s'applique absolument à tous, ce qui signifie que tous doivent être consultés. L'une des choses que j'ai trouvées les plus intéressantes tout au long du processus, c'était la rétroaction que je recevais des autres ministères sur les ébauches de la politique. Il y avait beaucoup de questions, de suggestions et de préoccupations communes auxquelles nous nous attendions, mais il y avait aussi tant de considérations uniques auxquelles je n'aurais jamais pensé.

Cette rétroaction était absolument essentielle pour nous permettre d'élaborer conjointement une politique qui pouvait réellement être mise en application dans tous les scénarios. Il a cependant fallu faire le compromis suivant, bien entendu : afin de saisir tout le monde, nous avons dû donner un peu moins de détails, ce qui explique pourquoi la politique ne donne pas de détails sur la façon dont elle doit être mise en œuvre. Elle aura une apparence différente selon l'endroit où vous vous trouvez.

Ce qui fonctionne et ce qui est nécessaire dans le contexte des services à l'enfance et à la famille sera probablement différent de ce qui serait nécessaire dans le contexte de stratégies de défense et de sécurité internationales. Chaque ministère et chaque secteur de programme possède son propre cadre qu'il exploite, ce qui signifie que la mise en œuvre doit être conçue au cas par cas. En fait, pendant le processus d'élaboration conjointe, j'ai passé beaucoup de temps à travailler avec d'autres ministères fédéraux afin de comprendre à quoi la politique ressemblerait pour eux.

Les conversations avaient toujours le même point de départ : comment cette politique s'applique-t-elle à moi? Et il s'agissait de la question la plus facile à répondre. Travaillez-vous sur quelque chose qui s'applique au Canada dans son ensemble, à tous les Canadiens ou à tous les peuples autochtones ou même à certains Inuits seulement? Si la réponse est « oui », la politique s'applique à vous, point.

À partir de là, je leur donnais toujours le même conseil, que nous avons déjà entendu : allez parler aux Inuits. C'est le premier élément de la politique et je sais, à la lumière de mon expérience personnelle, que cela peut être très intimidant, particulièrement du point de vue d'un analyste, même d'un gestionnaire.

La première fois où j'ai dû rencontrer une organisation inuite, j'étais terrifiée. Je travaillais sur un projet de recherche à l'université. Mon projet portait sur le transport maritime dans l'Arctique et les systèmes de surveillance, et il ne s'agissait pas d'un sujet sur lequel on menait habituellement des consultations dans la communauté et cela ne faisait donc pas partie du projet. J'ai toutefois été invitée à faire une présentation au Conseil Inuvialuit de gestion du gibier. Quand j'ai fait cette présentation, on m'a dit exactement ce à quoi je m'attendais : je n'avais pas bien mené le projet.

J'aurais dû me rendre dans ces communautés et j'aurais dû parler aux Inuits. Bien sûr, les larmes me sont montées aux yeux. J'étais au début de la vingtaine, mais j'ai répondu au Conseil de gestion du gibier qu'il avait absolument raison. J'ai présenté mes excuses et demandé de repartir le compteur à zéro, pas même à un, à zéro, et je leur ai promis de revenir un jour et de bien faire les choses. Je leur ai dit que je n'avais aucune idée de la façon dont je pourrais respecter cette promesse, mais que je le ferais.

Aujourd'hui, je fais ma thèse de doctorat en partenariat complet avec le Conseil de gestion du gibier, qui est axée sur ses intérêts.

Je vous raconte cette anecdote pour vous montrer que vous n'avez pas à être parfaits. Vous n'avez qu'à être humains. Je l'ai réellement appris. Il faut avoir de la compassion, être humble et savoir reconnaître les choses qui ne sont pas bien faites, même si vous n'êtes pas le coupable, même si vous venez à peine de commencer à travailler sur le dossier.

Encore une fois, je suis consciente que cela ne relève pas nécessairement de nous, au niveau opérationnel. Nous n'avons peut-être pas la permission, pour un éventail de raisons, d'aller tout bonnement parler aux Inuits, mais il y a tant d'autres choses que vous pouvez faire. Dans mon poste actuel, je suis conseillère pour un directeur général (DG). Dans le cadre de ce travail, je n'ai pas à aller consulter les Inuits, mais je peux néanmoins mettre en œuvre la politique en posant tout simplement la question : « Et les Inuits, dans tout cela? » Et l'Inuit Nunangat, dans tout cela?

Chaque fois que j'examine quelque chose, je demande si les Inuits ont été consultés. Je demande s'ils ont été consultés sur l'élaboration de tout ce que vous présentez au DG. Les saisons de transport maritime, le coût de la vie élevé, la connectivité limitée et le climat ont-ils été pris en considération? Les quatre régions de l'Inuit Nunangat et les accords de revendications territoriales ont-ils été pris en considération?

C'est mon travail et si je crois que la politique n'est pas prise en compte dans ce qui m'est présenté, je le mentionne au DG ou à la personne que je conseille. Je ne prends pas les décisions. Je ne présente même plus d'options pour les programmes, les services ou les politiques, mais j'ai toujours un rôle et une responsabilité, entre autres parce que, oui, je suis une fonctionnaire, mais aussi parce que je suis une résidente du Canada et que je crois en l'établissement d'une meilleure relation avec les Inuits.

C'est un élément en lequel croyaient bon nombre des personnes, voire toutes les personnes à qui j'ai parlé au cours des deux années d'élaboration conjointe, et j'en suis fermement convaincue. Il y avait un appui unanime à l'égard du but de la politique.

Nous ne transformerons pas le système du jour au lendemain, je ne crois même pas que cela se produira d'ici un an ou deux, mais il n'est pas nécessaire de transformer le système pour commencer à penser différemment et selon moi, dans mon travail quotidien, c'est ce que la politique me demande de faire.

Je vous conseille donc à tous, peu importe où vous vous situez dans le système, de vous demander tout simplement « À quoi ressemble le dossier sur lequel je travaille dans l'Inuit Nunangat? ». Comme le président Obed l'a mentionné, vous l'ignorez peut-être, et il n'y a aucun mal à cela. Vous n'êtes pas nécessairement censé le savoir.

Comme il a été dit, vous n'êtes sans doute jamais allé dans l'Inuit Nunangat. Vous ne connaissez peut-être aucun Inuit, mais cela ne justifie pas de ne pas prendre en considération les Inuits ou l'Inuit Nunangat. Cela signifie que vous devez trouver la réponse. Vous devez poser des questions. Faites des recherches dans Google, visitez le site Web de l'ITK et posez des questions à vos collègues. À mes yeux, la politique nous demande d'être créatifs, de sortir des sentiers battus parce que, de toute évidence, la façon dont nous avons fait les choses jusqu'à présent ne fonctionne pas.

Valerie a dit que la politique est un cadeau; selon moi, il s'agit d'un outil habilitant. Elle est censée vous permettre de vous emballer et de présenter de nouvelles idées.

Nous voyons la politique comme un grand document historique et important, ce qu'elle est, mais elle ne veut rien dire si elle n'est pas mise en œuvre. Le processus d'élaboration conjointe était passionnant. Il était agréable et stimulant; c'est un moment de ma vie et de ma carrière que je n'oublierai jamais.

Selon moi, le travail qui est véritablement passionnant est celui qui nous attend maintenant parce que nous avons la possibilité de trouver des réponses et de déterminer la façon de faire les choses différemment, et la politique a le rôle de vous guider pour le faire.

Je le répète, c'est pour moi un grand honneur de prendre la parole aujourd'hui, et je le fais avec beaucoup d'humilité. Je répondrai avec plaisir à toute question pendant la séance de questions et réponses.

Merci beaucoup.

Mitch White : Excellent. Merci beaucoup, Leah Beveridge, et merci à Valerie Gideon et à Isabella Pain d'avoir accepté de faire partie de ce groupe de discussion, qui nous a donné des idées incroyables et un large éventail de points de vue, ce qui est très important dans cette conversation, à mon avis, car il s'agit d'un partenariat.

Merci beaucoup, Will, d'avoir animé ce groupe de discussion.

Je vous rappelle de ne pas hésiter à poser vos questions au moyen de l'icône de clavardage en forme de bulle située dans le coin supérieur droit de votre écran.

Avant de passer à la séance de questions, je tiens à mentionner que nous tenterons de trouver l'article dont Valerie parlait plus tôt et nous verrons si nous pouvons travailler avec l'EFPC pour l'envoyer aux participants à la webdiffusion.

Sur ce, passons à la période de questions.

Nous demanderons au président Obed et à Valerie de répondre à la première question, qui est la suivante : « Quel conseil donneriez-vous à ceux d'entre nous qui se heurtent à de la résistance ou qui attendent d'obtenir des directives supplémentaires en ce qui concerne la mise en œuvre de la Politique sur l'Inuit Nunangat du point de vue d'une approche pangouvernementale? »

Je demanderai au président Obed d'y répondre en premier.

Natan Obed : Merci, Mitch.

Oui, que vous le vouliez ou non, chaque fonctionnaire fédéral travaille dans un certain espace. Il y a des modalités. Il y a des politiques. Il y a des règles établies qui vous font échanger avec vos pairs et avec des organisations externes. La marge de manœuvre que vous avez n'est peut-être pas toujours évidente, mais il ne fait aucun doute que maintenant, la Politique sur l'Inuit Nunangat et son adoption par le gouvernement fédéral donne à tout fonctionnaire un outil de plus pour faire preuve de souplesse dans la façon dont il s'acquitte de ses fonctions et responsabilités, peu importe le dossier sur lequel il travaille.

Il peut donc y avoir des décisions officielles ou des considérations précises sur les modalités que vous ne pouvez peut-être pas changer, mais vous avez maintenant des outils supplémentaires qui vous permettent, dans le cadre de votre travail, de défendre la capacité de déterminer la meilleure façon de répondre aux questions touchant les Inuits en faisant preuve du plus grand respect possible à l'égard de la gouvernance et de l'autodétermination des Inuits.

Je pense à ce que Valerie a dit et je vous suis extrêmement reconnaissant des bons mots que vous avez eus à mon égard, Valerie, mais aussi à l'égard de l'ITK dans le cadre du processus. Valerie est l'une de ces personnes avec lesquelles je travaille depuis littéralement les deux premiers mois suivant mon arrivée à Ottawa et c'est merveilleux de se trouver sur le même chemin qu'une femme des Premières Nations aussi forte.

Nous parlons de l'identité propre des Inuits aujourd'hui, mais nous avons aussi une solidarité si profonde, selon moi, entre Autochtones qui travaillent dans ce domaine, une solidarité qui transcende les organisations pour lesquelles nous travaillons et nous sommes si chanceux d'avoir des Autochtones dans des postes de cadres supérieurs à la fonction publique.

J'ouvre une nouvelle parenthèse pour dire que je sais que les membres des Premières Nations, les Inuits et les Métis qui pensent à occuper un emploi au gouvernement font face à un débat déchirant et s'inquiètent de ce que cela signifie pour eux dans leurs communautés et s'ils peuvent dormir sur leurs deux oreilles. Toutefois, il est réellement possible de faire ce genre de travail et d'utiliser les systèmes pour mieux mettre en œuvre l'autodétermination des peuples autochtones lorsque nous mettons à profit notre expertise, notre expérience et nos communautés dans le cadre de notre travail.

Donc, Nakurmiik, Valerie, merci de tout ce que vous avez fait en partenariat avec nous.

Valerie Gideon : Merci beaucoup.

Mitch, puis-je ajouter quelques éléments?

Mitch White : Oui, poursuivez. La même question vous est posée.

Valerie Gideon : Je dirais que le président Obed a absolument raison en ce qui concerne la situation générale de fonctionnaire et cela dépend définitivement du niveau où vous vous situez.

Malheureusement, la fonction publique est encore très hiérarchique et c'est une grande source de frustration, assurément pour moi et pour bien d'autres, j'en suis certaine. Je crois toutefois que si vous avez des possibilités dans votre ministère de défendre, par exemple, la composante de la formation [...] Tous les membres de notre comité de la haute direction étaient présents pour suivre la formation offerte par l'ITK, un programme essentiellement plus long, qui présente certains des renseignements que vous avez obtenus aujourd'hui.

Cela pourrait toutefois permettre de mieux comprendre l'importance de ce travail et de susciter un intérêt à cet égard. Si vous faites partie d'un réseau dans votre ministère, par exemple, même dans le contexte de l'Analyse comparative entre les sexes Plus et que vous présentez le cadre de la Politique sur l'Inuit Nunangat dans ce genre de situation parce qu'il s'agit d'intersectionnalité, peu importe le niveau où vous vous situez dans l'organisation, quels sont les canaux à votre disposition pour tenter secrètement de rallier les gens autour de vous et le soulever en tant que priorité de la fonction publique?

En fait, vous seriez en train de transmettre de l'information exigée par le premier ministre et les ministres, mais, parfois, vous savez, les ministères, peu importe ce qui se passe, peu importe quelles sont les priorités actuelles, ne sont peut-être pas encore concentrés sur ce sujet. Espérons toutefois que nos collègues au gouvernement et à l'extérieur de celui-ci utiliseront les canaux à notre disposition afin de le promouvoir et de le défendre.

Mitch White : Excellent. Merci beaucoup de vos réponses.

La prochaine question s'adresse à Isabella. Comment les partenaires fédéraux peuvent-ils appuyer et gérer la relation provinciale-territoriale? Avez-vous des conseils à formuler à ce sujet?

Isabella Pain : Merci de la question. C'est une question très épineuse et je crois que je ne peux parler que de la province de Terre-Neuve-et-Labrador en grande partie, puisque c'est là où j'habite et où je travaille plus étroitement avec la province.

À mon avis, lorsque vous rencontrez vos collègues du gouvernement provincial ou si vos ministres rencontrent les ministres provinciaux, vous pouvez toujours accorder la priorité à la Politique sur l'Inuit Nunangat et garantir qu'elle est présente et que vous discutez de ces questions avec vos homologues.

Je crois aussi que vous pouvez utiliser votre pouvoir fédéral, en ce qui concerne les dépenses, et vous assurer, si vous avez des discussions d'ordre financier, de tenir compte d'une affectation directe aux Inuits fondée sur les distinctions et de soulever les questions à cet égard.

Je dois dire que lors de nos discussions sur le logement avec le gouvernement fédéral, celui-ci a d'abord commencé à parler avec le gouvernement du Nunatsiavut de la possibilité de verser un financement direct pour le logement. Le ministre fédéral voulait qu'on lui garantisse que le gouvernement provincial ne le prendrait pas mal, car les fonds sont habituellement transférés à la province, qui les alloue à qui elle veut, et pas nécessairement aux Inuits ou aux peuples autochtones, mais plutôt à l'échelle de son territoire.

Le gouvernement provincial était en fait très heureux de rédiger cette lettre de soutien pour nous quand il a compris quels étaient les avantages que les Inuits de la province allaient en tirer. Je crois donc que le fait d'avoir ces conversations est un très bon point de départ.

Mitch White : Excellent. Merci beaucoup de votre réponse, Isabella.

La prochaine question s'adresse à Will David. La politique s'étend-elle à l'environnement marin?

Will David : Oui. Comme ma collègue Leah l'a mentionné, la politique a une portée relativement large et, à mon avis, elle s'applique vraiment dans presque toutes les situations où le gouvernement envisage d'agir, particulièrement tout genre d'application, comme une application générale ou territoriale, qui pourrait toucher l'Inuit Nunangat.

Je dirais assurément que non seulement c'est le cas, mais je dirais même que la politique indique aussi clairement qu'il faut appuyer l'autodétermination en indiquant, lorsqu'il est question de l'environnement marin, quelles sont les organisations inuites précises, les organisations [inaudible] ITK et possiblement I'Inuit Circumpolar Council Canada, à consulter à l'avenir.

Merci.

Mitch White : Excellent. Merci beaucoup, Will.

La prochaine question s'adresse à Leah. Leah, avez-vous des conseils à donner sur la façon dont les employés qui ne travaillent pas à Services aux Autochtones Canada (SAC) ou à Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada (RCAANC) peuvent influencer la mise en œuvre de cette politique?

Leah Beveridge : Absolument. Selon moi, ce sont les ministères où le travail le plus stimulant se trouve, car ils n'ont pas nécessairement des personnes comme Valerie Gideon, qui possèdent une expérience et des antécédents si riches dans ce genre de travail.

Comme je l'ai indiqué, il suffit de vous demander à quoi ressemble l'initiative sur laquelle vous travaillez dans l'Inuit Nunangat. Si votre initiative est liée à l'infrastructure, comment construit-on dans l'Inuit Nunangat? Si vous examinez des stratégies de défense, à quoi ressemble la mise en œuvre de ce genre de stratégies dans l'Inuit Nunangat? Pour reprendre l'exemple du contexte marin, les accords de revendications territoriales comprennent les eaux marines et la politique s'applique dans ces secteurs. Si vous travaillez sur un dossier lié au transport, à quoi ressemble le transport dans l'Inuit Nunangat?

Il s'agit en fait de poser ce genre de questions et de faire appel à vos collègues de partout au gouvernement fédéral qui ont peut-être une expérience, de communiquer avec les employés de SAC ou de RCAANC. Vous leur dites que vous savez qu'ils ont travaillé avec les Inuits par le passé et vous leur demandez de vous aider à trouver des idées, en tirant des enseignements des exemples positifs et, parfois, des échecs retentissants, vous savez, des choses qui ont mal tourné. Il est important d'apprendre de ces possibilités aussi.

Mitch White : Excellent, excellent. Merci beaucoup de vos réponses.

Merci beaucoup à chacun des panélistes de s'être joint à nous ici aujourd'hui, et au président Obed, à Valerie Gideon, à Isabella Pain et William David, qui ont si bien animé le groupe de discussion.

Avant de conclure, je tiens à dire que si quelqu'un veut participer à une séance de formation approfondie sur les réalités, l'histoire et le contexte des Inuits, pour donner suite à l'aperçu des éléments fondamentaux sur les Inuits que j'ai présenté au début de la séance, il n'a qu'à communiquer avec nous, à l'ITK. Vous pouvez m'envoyer un courriel à mwhite@itk.ca et nous pourrons organiser des séances de groupe avec le gouvernement fédéral et d'autres groupes également. N'hésitez donc pas à communiquer avec nous pour organiser une séance et en apprendre davantage sur les Inuits.

Sur ce, je tiens une fois de plus à remercier tous ceux qui nous ont aidés aujourd'hui. Je tiens à remercier chacun des panélistes, ainsi que l'École de la fonction publique du Canada de la relation merveilleuse que nous entretenons et de nous avoir donné une plateforme pour parler de la Politique sur l'Inuit Nunangat.

Au nom de l'Inuit Tapiriit Kanatami et de l'École de la fonction publique du Canada, je remercie tous les participants de partout au pays et de l'ensemble de l'Inuit Nunangat de s'être joints à nous et d'avoir contribué à la discussion d'aujourd'hui. J'espère que vous avez aimé l'événement d'aujourd'hui.

Comme je l'ai mentionné, si vous voulez en savoir plus sur les Inuits, vous pouvez communiquer avec nous. Bien entendu, vos commentaires sont très importants pour nous et nous vous invitons à faire l'évaluation électronique que vous recevrez au cours des prochains jours.

Sur ce, merci beaucoup à tous.

[Le logo de l'EFPC s'affiche aux côtés du texte qui indique « webdiffusion ».]

[Le logo du gouvernement du Canada s'affiche à l'écran.]

Liens connexes


Date de modification :