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Journée Bell Cause pour la cause du gouvernement du Canada 2022 : pleins feux sur le soutien par les pairs (WMT2-V26)

Description

Cet enregistrement d'événement présente des experts et des représentants d'organisations qui expliquent comment le soutien par les pairs, qu'il soit formel ou informel, peut aider les fonctionnaires à composer avec les répercussions de la COVID-19 sur le plan psychologique, au travail et à la maison.

Durée : 02:01:53
Publié : 6 mai 2022
Type : Vidéo


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Journée Bell Cause pour la cause du gouvernement du Canada 2022 : pleins feux sur le soutien par les pairs

Transcription

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Transcription : Journée Bell Cause pour la cause du gouvernement du Canada 2022 : pleins feux sur le soutien par les pairs

[Le logo de Webcast/Webdiffusion apparaît.]

[James apparaît grâce à la webcam. Pendant qu'il parle, une bande d'infographie apparaît momentanément en bas à gauche. On peut lire « James Kendrick, Ph.D. Association of Professional Executives of the Public Service of Canada » (association professionnelle des cadres supérieurs de la fonction publique du Canada)]

Bonjour, good afternoon, et bienvenue à l'événement d'aujourd'hui intitulé « Gouvernement du Canada, Bell Cause pour la cause 2022 : Pleins feux sur le soutien par les pairs. » Nous vous remercions de prendre le temps de vous joindre à nous à l'occasion de cet important événement. La santé mentale demeure un enjeu crucial alors que nous subissons la pandémie de COVID-19 et devons y trouver des solutions. Il a été amplement prouvé que les frontières entre la vie professionnelle et la vie privée sont devenues floues. Les employés sont confrontés à un risque accru d'épuisement professionnel et de perte d'espace sécuritaire. Le rôle du lieu de travail dans le soutien en matière de santé mentale et de bien-être des employés est de plus en plus reconnu. L'événement d'aujourd'hui réunit des experts en la matière et des représentants d'organisations qui vont expliquer comment le soutien par les pairs, qu'il soit formel ou informel, peut aider les fonctionnaires à faire face aux répercussions psychologiques de la COVID-19 à la maison, au travail et dans l'avenir. Aujourd'hui on vous parlera des avantages des programmes de soutien par les pairs en milieu de travail et de la façon de les mettre en œuvre. Et les organisations qui l'ont déjà mis en œuvre partageront leur expérience. La Journée Bell Cause pour la cause 2022 est organisée conjointement par le Centre d'expertise pour la santé mentale en milieu de travail, l'École de la fonction publique du Canada et le Réseau des jeunes fonctionnaires fédéraux. Avant de commencer, j'aimerais souligner que je me trouve à Ottawa, sur le territoire traditionnel non cédé du peuple algonquin Anishinaabe. Je reconnais que nous travaillons dans différents endroits au Canada et que, par conséquent, vous interviendrez à partir d'un territoire traditionnel autochtone distinct. Je vous encourage dès maintenant à prendre un moment pour y réfléchir, où que vous soyez. Veuillez noter que nous offrons également des services d'interprétation simultanée, des services d'interprétation gestuelle et des services de communication par transcription simultanée. Tous ces services sont offerts durant l'événement. Veuillez consulter les messages d'invitation à la réunion envoyés par l'École de la fonction publique du Canada pour voir la façon d'accéder à ces services. Aujourd'hui, nous répondrons aux questions en utilisant l'interface Collaborate vidéo de l'École de la fonction publique du Canada. Pour ce faire, allez au coin supérieur droit de votre écran, cliquez sur le bouton « participer », entrez votre question et votre adresse courriel, et nous tenterons de répondre à un maximum de questions. Les amis, je dois vous dire quelque chose tout de suite. La conversation d'aujourd'hui pourrait être délicate pour certains d'entre vous. Nous vous rappelons que si, à un moment donné durant cette conversation, vous sentez que vous aurez besoin d'aide en santé mentale, votre programme d'aide aux employés est à votre disposition. N'hésitez pas à y accéder. Si vous êtes en détresse, n'attendez pas. Appelez le 911.

[Six fenêtres sont disposées en deux rangées de trois. Lorsqu'un participant prend la parole, sa fenêtre remplit brièvement l'écran].

J'ai maintenant le plaisir de vous présenter Christine Donoghue qui est la dirigeante principale des ressources humaines du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada. Christine a été nommée dirigeante principale des ressources humaines en mai 2021. Christine est venue de l'Agence du revenu du Canada où elle était commissaire déléguée du Revenu depuis août 2018. Auparavant elle a été sous-ministre déléguée à Santé Canada de 2017 à 2018. Mesdames et messieurs, je vous prie de souhaiter une chaleureuse bienvenue à Christine Donoghue.

[Christine occupe la fenêtre qui se trouve en bas à droite. Pendant qu'elle parle, sa fenêtre remplit l'écran. Une bande d'infographie apparaît momentanément en bas à gauche. On peut lire « Christine Donoghue. Treasury Board of Canada Secretariat"] (Secrétariat du Conseil du Trésor).

Merci beaucoup, James. La santé mentale est très, très importante pour nous au gouvernement fédéral. Mais il n'est pas toujours facile de s'y retrouver et de bien la cerner. Mais cet événement est important, car c'est la cinquième année consécutive que nous nous associons à Bell Canada. Il s'agit d'une conversation nationale importante qui vise à promouvoir la santé mentale et la prise de conscience dans la fonction publique. Le thème de la journée Bell Cause pour la cause, « Continuons à écouter, à en parler et à être là pour nous-mêmes et pour les autres », décrit bien ce qui se passe en fait dans la fonction publique depuis le début de la pandémie. Nous avons appris à compter les uns sur les autres et à nous soutenir mutuellement dans une période très difficile. Et avec l'événement d'aujourd'hui, nous voulons pouvoir compter sur le soutien de nos pairs. Nous serons encore mieux équipés pour continuer. On s'entend que pour certains, soutenir les autres est une façon de fonctionner, mais espérons que cette conversation amènera d'autres personnes à vouloir le faire aussi. Au sein du gouvernement du Canada, les ministères sensibilisent sur la nécessité de maintenir le contact et de rencontrer virtuellement les employés et les collègues. Garder le contact avec les autres est très important pour notre santé mentale, surtout comme plusieurs d'entre nous continuent de travailler virtuellement. Travailler virtuellement est formidable pour certains, mais, pour d'autres, cela accentue leur sentiment d'isolement. La fin de la campagne Bell Cause pour la cause n'est pas la fin de la conversation essentielle. La santé mentale, c'est 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 et 365 jours par année. Chacun a un rôle à jouer en ce qui concerne la santé mentale en milieu de travail. Mais il est très important que les gens sentent qu'ils ont aussi la possibilité d'utiliser leur voix, d'être entendus et d'exprimer leurs préoccupations. Un environnement de travail sain et sécuritaire commence par l'empathie et la souplesse. Alors, lorsqu'une personne a besoin d'aide, faites preuve d'empathie. Essayez de vous mettre à la place des autres. Joignez le geste à la parole en prenant soin de votre propre santé mentale et en veillant sur vos collègues aujourd'hui, demain et chaque jour. Mais comme je l'ai dit tantôt, n'hésitez pas à vous exprimer. Je passe donc la parole à nos intervenants pour qu'ils nous parlent des différentes façons dont nous pouvons personnellement faire une différence dans la vie de ceux qui nous entourent. Et, une fois de plus, encouragez tout le monde à surveiller les signaux, à surveiller chacun ses propres signaux. Et comme je l'ai dit, quand je suis fatiguée, je demande de l'aide. Et quand je me sens déprimée, je demande de l'aide. Et c'est incroyable, l'énergie et le sentiment que cela peut susciter chez vous. Alors merci de m'avoir écoutée. Merci de participer effectivement, d'en apprendre plus et d'être plus sensible à la santé mentale. Et sur cette note, je vous passe la parole, James.

Christine, je tiens à vous remercier pour vos propos liminaires touchants. Les plus de 9000 personnes qui nous écoutent aujourd'hui de partout au pays ont hâte à une grande discussion. Et c'est là où nous en sommes dans notre programme. Je vais présenter le panel. Je vais présenter les membres un à un. Je vais inviter chaque membre à prendre deux ou trois minutes pour se présenter, donner la raison de sa présence ici et indiquer son lien avec ce sujet. J'aimerais commencer par Jessica Ward-King, membre fondatrice du Bureau des conférenciers fédéraux sur la santé mentale. Jessica

[Jessica parle depuis la fenêtre située en bas au milieu. Pendant qu'elle parle, sa fenêtre remplit l'écran. Une bande d'infographie apparaît momentanément en bas à gauche. On peut lire : « Jessica Ward-King, Ph.D. Federal Speakers' Bureau on Healthy Workplaces]" (Bureau des conférenciers fédéraux pour des milieux de travail sains).

Bonjour à tous. Je suis très heureuse d'être ici. Je m'appelle Jessica Ward-King, j'ai vécu et je vis une expérience de la maladie mentale, ayant reçu un diagnostic de trouble bipolaire de type II. Je suis l'un des membres fondateurs du Bureau des conférenciers fédéraux sur la santé mentale et une fière fonctionnaire depuis plus de 12 ans. Je suis également connue sous le nom de « Stigma Crusher » pour mon travail au gouvernement, dans la communauté et maintenant sur YouTube. Je raconte mon histoire librement et sans gêne pour combattre la stigmatisation à l'égard de la santé mentale et de la maladie mentale. Je suis très instruite, puisque j'ai un doctorat en psychologie expérimentale, mais je prends aussi beaucoup de médicaments. Si je saute dans tous les sens, vous risquez de m'entendre cliqueter. Depuis plus de 12 ans, je dirige des initiatives de soutien par les pairs et j'en bénéficie, tant au sein du gouvernement que dans la communauté. Je suis une championne en ce qui concerne le fait d'être une personne atteinte de maladie mentale et le fait d'obtenir du soutien et d'en offrir grâce aux réseaux formels et informels de soutien par les pairs. Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui pour partager avec vous mon expérience et mon vécu. James,

Merci, Jessica. Notre prochain panéliste est Armaghan Alam. Ses amis l'appellent Armi. Il est candidat aux études de médecine à l'Université de la Colombie-Britannique pour la promotion 2023. Il est également directeur du conseil d'administration de la Commission de la santé mentale du Canada et cofondateur du Réseau canadien de soutien par les pairs. Bonjour, Armi.

[Armi parle depuis la fenêtre située en bas à gauche. Pendant qu'il parle, sa fenêtre remplit l'écran. Une bande d'infographie apparaît momentanément en bas à gauche. On peut lire : « Armaghan Alam. Mental Health Commission of Canada and Canadian Peer Support Network"] (Commission de la santé mentale du Canada et Réseau canadien de soutien par les pairs).

Bonjour à tous, C'est un honneur et un privilège pour moi de m'adresser à vous et à mes illustres collègues du panel aujourd'hui. Comme James l'a dit, je m'appelle Armi. Je vous considère tous comme des amis, alors n'hésitez pas à m'appeler ainsi. Quelques mots sur moi... je suis né au Pakistan. J'ai vécu à Calgary pendant de nombreuses années, puis ma famille a déménagé en Arabie Saoudite où j'ai également vécu quelques années. Après, je suis venu à Toronto pour mes études secondaires. J'ai obtenu mon diplôme de premier cycle en anatomie et en biologie cellulaire à McGill, et c'est en quelque sorte ma première expérience avec la santé mentale. C'est aussi là que j'ai participé à une initiative appelée Centre de soutien par les pairs, que j'ai dirigée pendant trois ans. J'ai également pu promouvoir l'idée du soutien par les pairs auprès du corps professoral et du personnel de l'établissement, après avoir constaté les bienfaits de ce soutien pour mes pairs et pour moi-même en tant que personne ayant connu des problèmes de santé mentale. C'était donc une expérience très enrichissante. À la fin de mon séjour à McGill, je me suis dit : «  Ça fonctionne. Il y a quelque chose à propos du soutien par les pairs qui fonctionne. Nous devrions probablement essayer de l'appliquer dans d'autres endroits au Canada. » C'est ainsi que certains de mes pairs et moi-même avons fondé le Réseau canadien de soutien par les pairs dans l'espoir de mettre à profit ce que nous avions appris sur le terrain auprès d'autres étudiants comme nous, et de l'appliquer dans d'autres établissements au Canada. Aujourd'hui je m'adresse à vous depuis Vancouver en tant qu'étudiant en troisième année de médecine. J'ai le privilège de m'exprimer depuis les territoires traditionnels Musqueam, Squamish et Tsleil-Waututh, où j'ai l'honneur de travailler et de jouer. Et aujourd'hui, je suis heureux de parler d'un sujet qui me passionne avec des personnes qui en sont manifestement passionnées aussi, à savoir le soutien par les pairs. Et j'ai hâte à notre discussion. À vous, James.

Merci, Armi. Notre prochain panéliste est Allison Dunning. Elle est la directrice nationale de Peer Support Canada.

[Allison parle depuis la fenêtre située en haut au milieu. Pendant qu'elle parle, sa fenêtre remplit l'écran. Une bande d'infographie apparaît momentanément en bas à gauche. On peut lire : « Allison Dunning. Peer Support Canada. »]

Bonjour à tous, Je suis très heureuse de me joindre à vous aujourd'hui et d'être ici avec mes collègues panélistes. Je m'appelle donc Allison Dunning. Mon pronom est « elle » et je suis la directrice nationale de Peer Support Canada. Auparavant, j'ai eu le plaisir de faire du bénévolat et de travailler comme paire aidante dans la communauté, puis de diriger des équipes de pairs aidants dans la communauté, à l'université et dans des milieux hospitaliers. Je m'adresse à vous depuis le territoire traditionnel non cédé des Mississaugas de New Credit, des Haudenosaunee et de la nation huron-wendat, et je reconnais le privilège que j'ai de pouvoir le faire. Je suis également une personne qui a vécu des expériences liées aux problèmes de santé mentale, alors mon intervention est celle d'un usager de notre système de santé mentale en tant que colon de race blanche et cisgenre. J'essaie donc d'aborder tout le travail que je fais du point de vue de cette expérience vécue, et d'incorporer autant que possible les valeurs de Peer Support dans mon travail et dans ma façon de vivre. Peer Support Canada a vu le jour à partir d'un projet pilote en 2010 avec la Commission de la santé mentale du Canada, dans le but de créer, d'incuber et d'intégrer un ensemble de normes et de principes de pratique pour les pairs aidants. Nous avons parcouru un long chemin depuis lors et, à l'heure actuelle, nous sommes dans un processus de planification stratégique pour nous assurer de répondre efficacement aux besoins de la communauté des pairs aidants partout au Canada, parce que nous croyons vraiment que le soutien par les pairs est un élément essentiel de notre système de santé mentale au Canada. Mais quoi qu'il en soit, je suis très heureuse de voir que le soutien par les pairs est au centre de la discussion d'aujourd'hui, et j'ai hâte d'en apprendre plus de l'auditoire et de mes collègues panélistes également.

Merci, Allison. Et le dernier membre du panel que nous allons présenter cet après-midi est Catherine Lauzon, directrice du Programme de la santé mentale et du mieux-être à Santé Canada. Catherine,

[Catherine parle depuis la fenêtre située en haut à droite. Pendant qu'elle parle, sa fenêtre remplit l'écran. Une bande d'infographie apparaît momentanément en bas à gauche. On peut lire : « Catherine Lauzon  Health Canada » (Santé Canada).

Merci James. (Catherine se racle la gorge) Excusez-moi. Bonjour à tous. Je vous remercie de m'avoir invitée à participer à cet événement très important. Comme James l'a mentionné, je suis la directrice de la santé mentale et du mieux-être de la Direction générale des services de gestion de Santé Canada. Alors, comment en suis-je arrivée là? Eh bien en 2015, le sous-ministre de la Santé a demandé à toutes les directions générales de mettre en œuvre la norme nationale en matière de santé et de sécurité psychologiques en milieu de travail, et le sous-ministre adjoint, Direction générale des services de gestion m'a demandé de diriger une petite équipe de mise en œuvre. Depuis lors, nous avons élaboré de nombreuses initiatives pour promouvoir la santé mentale en milieu de travail et pour appuyer la mise en œuvre de la norme. Certaines de ces initiatives comprenaient des séances d'écoute sur la santé mentale et le mieux-être, qui sont offertes à tous les employés de Santé Canada et de l'Agence de la santé publique du Canada. Nous avons également lancé d'autres initiatives, notamment des courriels hebdomadaires qui fournissent des conseils sur la santé mentale, des questions anecdotiques, des liens vers des ressources utiles, qui alternent entre les gestionnaires et les employés, des défis trimestriels d'autosoins et, bien sûr, nous avons mis à l'essai l'initiative « Plus forts ensemble » qui est notre programme de soutien par les pairs. Sur ce, James, je vous passe la parole. Je vous remercie.

[peu après la prise de parole par James, la fenêtre de Christine disparaît.]

Eh bien, merci. Un panel diversifié avec plusieurs expériences! Je pense que les organisateurs de cet événement, en partenariat avec Bell, n'auraient pas pu choisir un meilleur panel. Maintenant, entrons dans le vif du sujet. Voici comment ça va se passer. Nous avons quelques questions pour lancer la discussion. Si vous avez votre propre question, comme nous l'avons dit au début, allez dans le coin supérieur droit de votre écran. Il y a une fonction qui ouvre une boîte de clavardage où vous pouvez entrer votre question et votre adresse courriel. Nous allons répondre à autant de questions que possible. Avec plus de 9000 participants à présent, ça va être un défi, mais nous ferons de notre mieux. Alors, la première question que je vais poser s'adresse à Allison. Voici la question : le soutien par les pairs s'inscrit dans un continuum, et va d'un soutien social informel à un soutien par les pairs plus formel dans un cadre organisationnel structuré. Très important pour nous dans la fonction publique. Afin de préparer le terrain pour la discussion d'aujourd'hui, pouvez-vous expliquer brièvement les différents types de soutien par les pairs, comment ils contribuent à une santé mentale positive, et aussi comment ils contribuent au recouvrement de la santé mentale?

Oui, avec plaisir. Le soutien par les pairs peut être aussi simple et informel que deux parents qui discutent de la difficulté d'être parent pendant la pandémie de COVID-19. L'un des parents dit : « Écoute! je me sens complètement dépassé tout le temps. » Et un autre. Il peut aussi être formel, comme dans le cas d'une équipe multidisciplinaire dans un milieu hospitalier, par exemple quelqu'un arrive dans un service d'urgence après une tentative de suicide, et le pair aidant sur place lui dit « hé, je sais que c'est vraiment, vraiment terrifiant, parce que j'ai été dans une situation similaire. Voyons comment nous pouvons surmonter cela, comment je peux vous soutenir au mieux aujourd'hui face à cette épreuve », et ensuite propose des stratégies d'adaptation et des ressources tout en travaillant avec le reste de l'équipe de soins de santé pour s'assurer que cette personne reçoit le soutien le plus efficace pour elle. Les services de soutien par les pairs peuvent également exister dans une variété de contextes. Pour n'en citer que quelques-uns, ils peuvent être proposés dans des centres d'accueil, des centres communautaires ou des refuges. Il peut s'agir de groupes formels de soutien par les pairs au sein de la communauté, comme du soutien entre collègues sur le lieu de travail dont il sera certainement beaucoup question aujourd'hui. Cela peut aussi se passer sur les campus des universités et dans la cour des écoles secondaires, comme dans l'expérience d'Armi. Ils peuvent aussi prendre la forme de services dans des milieux hospitaliers, comme dans les unités de soins aux patients hospitalisés, les unités de soins aux malades externes et les services d'urgence. Il y a donc un large éventail de possibilités de soutien par les pairs et de lieux où il peut être offert. Aussi, le soutien par les pairs est parfois un service autonome, et parfois il est offert en même temps que d'autres types de soins de santé mentale comme la psychiatrie, la thérapie ou du soutien clinique. Alors, le soutien par les pairs repose sur l'expérience vécue et le fondement du soutien par les pairs peut se résumer vraiment par « hé, j'ai vécu une situation similaire, parlons-en. Je suis avec toi. » C'est vraiment une façon très accessible d'apprendre sur la santé mentale et de découvrir des stratégies, des stratégies d'adaptation, des ressources et des choses de ce genre auxquelles on ne pense pas forcément si on l'entend de la bouche de quelqu'un d'autre. Ainsi, en parlant à quelqu'un qui est passé par là, qui a fait le même parcours, c'est une façon vraiment accessible d'entamer cette conversation ou de poursuivre la conversation de manière à ce qu'il y ait un sentiment de confort, de respect, d'autodétermination, de mutualité et d'autres choses dans cette relation qui en fait vraiment une interaction importante et réconfortante. D'après mon expérience de bénéficiaire et de prestataire de soutien par les pairs, je pense que cela aide vraiment à réduire le sentiment d'isolement chez les gens. Nous savons qu'un très grand nombre de personnes souffrent, mais il y a encore souvent ces moments où l'on se demande si on est le seul qui n'arrive pas à s'en sortir, ou si on est le seul à se sentir ainsi. Et vous savez, quand vous parlez avec un pair aidant qui peut dire « hé, je comprends. Je suis passé par là. Voici comment cela s'est passé dans mon cas, est-ce la même chose chez toi? » Cet échange, juste ce soulagement de savoir qu'on n'est pas le seul à se sentir ainsi, peut avoir une grande incidence sur l'expérience de santé mentale d'une personne. Cela aide également à renforcer la confiance en soi et la capacité de s'en sortir. Pouvoir parler à une personne qui a connu des moments difficiles ou qui traverse des moments difficiles, et la voir s'en sortir, vous amène à vous dire « peut-être que je peux m'en sortir. Peut-être que je peux surmonter ce problème. Peut-être que je peux vivre avec ce trouble ou cette maladie, » ou peu importe comment vous l'appelez. Et enfin, je pense que cela peut aussi aider à réduire la dépendance à l'égard des soins cliniques. Si nous veillons les uns sur les autres sur le lieu de travail dans le cadre d'un programme de soutien par les pairs en milieu de travail, cela pourrait aider à réduire la pression que subit le système de santé en ce moment. Pas tout le temps, bien sûr, mais je pense que le fait d'avoir souvent une personne sympathique vers qui on peut se tourner au travail et une personne sûre à qui on peut se confier peut aider à diminuer ce sentiment d'isolement et peut empêcher les gens de se retrouver dans cette situation de détresse. Je sais que ma réponse n'était pas structurée alors, en résumé, je pense que tout ce qu'on trouve sur le continuum du soutien par les pairs est important. Parfois ça me fait du bien d'appeler un ami après une rupture et de dire, « c'est vraiment dur. Aide-moi à m'en sortir », et cet ami me remonte le moral, m'envoie une très belle chanson ou encore fait une promenade avec moi ou toute autre activité. Et puis parfois, il faut recourir au soutien formel, quand vous en avez vraiment besoin, quand vous entrez dans la phase de détresse et que vous vous sentez vraiment dépassé et terrifié par ce qui se passe. Je pense que tous les éléments du continuum peuvent vraiment contribuer à diminuer notre sentiment de solitude face au problème et à augmenter notre sentiment d'être en mesure d'y faire face.

Allison, ce que j'aime vraiment dans votre réponse détaillée, c'est ce continuum. J'ai hâte d'en savoir un peu plus au cours du programme. Mais vous savez, si tout le monde savait où trouver du soutien, on n'aurait pas besoin de sensibiliser les gens. Et, vous savez, l'approche formelle pourrait ne pas être accessible pour certaines personnes, car elles ne savent pas où aller. Mais vous avez mis l'accent sur l'approche informelle. Donc, s'adresser à des amis, à des membres de la famille, ou à qui que ce soit, à un conseiller de confiance ou à un réseau de soutien est essentiel, et vous y avez fait allusion dans votre réponse. Je me tourne vers Jessica maintenant. Parlez-nous de votre expérience durant la pandémie. Nous avons beaucoup entendu parler de l'importance d'essayer de maintenir un lien social pour la santé mentale. Et nous voici en ligne aujourd'hui. Mais c'est le mieux que nous puissions faire compte tenu de la situation. Comment le soutien par les pairs, qu'il soit informel ou formel, vous a-t-il aidé à gérer votre propre santé mentale pendant la pandémie?

Oui, c'est une excellente question. La pandémie a créé des défis très particuliers chez beaucoup de gens, voire chez tout le monde, et l'isolement en est l'un des principaux. Allison, je pense que vous l'avez brillamment souligné. Et le soutien par les pairs aide vraiment à lutter contre l'isolement. En ce qui me concerne, l'un de mes principaux défis, en dehors de la maladie proprement dite dont je souffre, est l'autostigmatisation. Il s'agit en quelque sorte d'avoir à l'encontre de moi-même ces attitudes stigmatisantes qui sont ancrées dans notre culture, comme par exemple l'idée selon laquelle la maladie mentale est synonyme de faiblesse, de paresse, de déséquilibre, d'une sorte d'imprévisibilité ou même de violence. Je suis constamment aux prises avec elle, bien que je suis une championne en matière de lutte contre la stigmatisation. Et elle m'amène à ne pas chercher de l'aide quand j'en ai besoin. Mais le soutien par les pairs, parce qu'il peut être aussi informel que prendre un café avec une personne ou prendre une marche dans le quartier avec un voisin, est beaucoup plus accessible que passer par la voie formelle pour consulter mes fournisseurs de soins médicaux. Les fournisseurs de soins médicaux ne sont pas toujours disponibles; ils peuvent ne pas être disponibles les fins de semaine, par exemple, alors que les proches le sont. Je sais qu'au départ j'ai eu du mal à accepter que quiconque soit au courant de ma maladie mentale. Au début, j'ai même eu du mal à me l'avouer à moi-même. Mais j'avais peur que si mes proches l'apprenaient, les relations avec eux seraient tendues, que cela mettrait fin à ma carrière. Cela n'a pas été le cas. Comme vous pouvez le voir, je parle aujourd'hui devant 9000 personnes au sein de la fonction publique fédérale et j'ai certainement touché encore plus de personnes par le passé, et ma carrière n'a pas ralenti. Mais le soutien par les pairs m'a vraiment aidée de quatre façons. Il a aidé à réduire l'isolement, comme je l'ai mentionné. Il a amélioré ma capacité à résoudre des problèmes. Découvrir comment d'autres personnes ayant vécu ou qui vivent une expérience concrète de la maladie mentale ont géré la situation, parce qu'elles sont expertes dans leur propre expérience. Le soutien par les pairs me permet de m'inspirer des stratégies qu'elles ont utilisées pour surmonter les problèmes découlant de leur maladie mentale. Il me permet de voir que d'autres personnes ont vécu des choses similaires aux miennes, et qu'elles s'en sont sorties et sont en phase de réadaptation. Et bien sûr, la réadaptation ne signifie pas que c'est fini, que c'est terminé, qu'on est libéré. Il s'agit plutôt d'un état constant dans lequel vous vivez, une sorte d'état de réadaptation où vous essayez de vivre avec la maladie ou les défis découlant de la santé mentale et de vous y accommoder. Apprendre à faire face à ces symptômes troublants est donc pour moi le principal avantage que j'ai tiré du soutien par les pairs. Un autre élément que je voulais mentionner est celui de l'efficacité personnelle. Très souvent, lorsque je suis dans un état dépressif, par exemple, je n'ai pas une seule bonne chose à dire à moi-même ou sur moi-même. Il y a tout le temps un monologue interne négatif dans ma tête, mais quand un pair me demande du soutien, j'ai soudain l'impression que le fait de partager ma propre expérience donne de la valeur à ce que je vis, et cela suscite en moi le sentiment d'avoir un but et l'impression que je peux apporter quelque chose dans mes relations, que même si j'ai des problèmes, j'ai des choses valables à transmettre et à dire. Et cela me donne l'impression d'avoir quelque chose à offrir, parfois même une raison de vivre, comme si j'étais un partenaire égal dans des relations positives. Un autre élément que je voulais mettre en évidence est le contact positif en matière de santé mentale. Nous savons que la meilleure façon de réduire la stigmatisation en matière de santé mentale est de recourir à ce que nous appelons le « contact ». C'est parce que la stigmatisation est composée de la connaissance, des comportements et des attitudes, et on peut améliorer la connaissance par l'éducation. Une occasion comme la Journée Bell Cause pour la cause peut aider à renseigner les gens sur la maladie mentale. Et nous pouvons légiférer sur les comportements appropriés. Par exemple, il est interdit de faire de la discrimination à l'égard d'une personne en raison de sa maladie mentale. Mais c'est beaucoup plus difficile de changer les attitudes, et le contact est crucial. Le contact, c'est partager mon expérience avec d'autres, parler des problèmes qui nous aident, mes pairs et moi, à nous voir comme des êtres humains à part entière. Il aide à changer les attitudes parce qu'il permet de s'attaquer à ces stéréotypes néfastes et à la stigmatisation culturelle grâce aux rencontres en personne, une personne à la fois, et prouve aux pairs que les personnes atteintes de maladies mentales sont d'abord des personnes, des personnes complexes aux multiples facettes qui ont des forces et des faiblesses, qui ont la capacité de participer de manière égale aux relations interpersonnelles et qui ont vraiment quelque chose à apporter à l'humanité et à la société. Et une fois que vous savez que votre collègue est aux prises avec une maladie mentale, et qu'elle est une employée compétente, une mère, une épouse, une joueuse de hockey passionnée, tout à coup la maladie mentale n'est plus cette grosse nébuleuse que les gens ont ou n'ont pas, et qui peut être effrayante, mais plutôt quelque chose de très, très humain. Lorsque les pairs peuvent se soutenir mutuellement, même ceux qui n'ont pas de maladie mentale à proprement parler, mais qui ont leurs propres problèmes de santé mentale. Et la COVID-19 en est un parfait exemple. Nous sommes tous confrontés à une forme d'anxiété, d'isolement, de tristesse, de doute, de peur, et une fois que vous connaissez les défis auxquels les autres sont confrontés, ces attitudes stigmatisantes ont tendance à disparaître et vous vous rendez compte que vos attitudes ne correspondent pas à la réalité, et, selon les personnes, que la stigmatisation de la santé mentale peut laisser place à la compréhension et à l'acceptation. Le soutien par les pairs ne peut pas nécessairement remplacer une thérapie, mais comme Allison l'a mentionné, il s'agit d'un appui important pour les services de santé mentale plus traditionnels, qui permet aux familles, aux amis et aux collègues de se soutenir mutuellement. Donc, en résumé, ce sont ces quatre éléments : le sentiment d'isolement que le soutien par les pairs nous aide à surmonter, la capacité pour les personnes qui sont aux prises avec des problèmes de santé mentale ou une maladie mentale de résoudre des problèmes entre elles, l'augmentation de l'autoefficacité lorsque nous sommes en mesure de raconter notre histoire et que celle-ci est utile pour les autres, et le contact positif pour la santé mentale qui réduit directement la stigmatisation de la santé mentale et de la maladie mentale.

Jessica, vous avez très bien présenté le cadre, les quatre points que vous avez mentionnés et les outils pour les relations sociales. Armi, j'aimerais maintenant vous poser une question. Dans votre introduction, vous avez mentionné qu'en plus de votre activité professionnelle, vous avez le désir ardent de contribuer à l'aspect social en permettant à davantage de personnes de socialiser de manière plus large. Et j'aimerais vous demander quels conseils ou astuces vous donneriez à quelqu'un qui veut offrir du soutien émotionnel, peut-être à un collègue de travail par exemple. Pourriez-vous nous dire ce qu'il faut éviter, ce qu'il faut faire en matière de soutien informel par les pairs sur le lieu de travail?

Merci, James. Je vous remercie pour cette question, parce que c'est vraiment ce que j'ai passé beaucoup de temps à essayer de faire. Par exemple, vous êtes un travailleur ou un étudiant, et une personne vous aborde pour avoir une discussion importante et une conversation sécuritaire. Plusieurs choses viennent à l'esprit. Tout d'abord, vous devez reconnaître, comme Jessica et Allison y ont fait allusion, que vous n'êtes pas un clinicien. Vous n'êtes pas un psychiatre. Vous n'êtes pas un psychothérapeute. Vous êtes un collègue, vous êtes un pair. Cela ne veut pas dire que vous ne serez pas en mesure d'aider votre collègue, mais vous devez reconnaître qu'il y a des limites à ce que vous pourrez faire, et c'est normal. C'est de cela qu'il s'agit, en fait. Deuxième point. Le deuxième point est la confidentialité. C'est un élément très important et central dans le soutien par les pairs, surtout en milieu de travail ou en milieu scolaire et universitaire, mais il y a une condition. Vous devez faire comprendre à votre interlocuteur que votre discussion est confidentielle et que vous pouvez discuter en toute sécurité, mais que s'il y a un risque de préjudice pour vous-même ou pour d'autres personnes, vous serez obligé de demander une aide professionnelle pour vous assurer que cette personne est prise en charge par des ressources appropriées. C'est très important. Je pense que cela peut être très utile, lorsque vous soutenez un collègue, de le lui dire dès le début de la conversation ou à un moment opportun au cours de celle-ci. Ensuite, on en vient à se demander ce qu'il faut faire. Vous avez établi le cadre, maintenant comment créer un environnement où la personne peut se confier, ce qui nous amène au fait de ne pas porter de jugement. La personne va vous confier des choses très personnelles; il est donc important qu'elle sente que vous ne porterez pas de jugement relativement à ce qu'elle va vous raconter. Et cela va de pair avec cette théorie que j'ai souvent prônée dans le cadre du soutien par les pairs lorsque j'élaborais des formations à McGill. Il s'agit du positif inconditionnel, une idée d'un psychologue humaniste. J'ai l'impression d'être entrecoupé, mais je vais continuer. C'est l'idée de regard positif inconditionnel, qui est vulgarisée par Carl Rogers, un psychologue humaniste. En gros, selon cette idée, quel que soit ce que dit ou fait une personne, vous la soutenez, vous l'acceptez et vous la comprenez. Et je pense que c'est une théorie fondamentale très importante. Ouais, je vois que je suis entrecoupé. C'est une théorie très importante en matière de soutien par les pairs, l'idée selon laquelle la personne sera acceptée et comprise, quel que soit ce qu'elle vous confie. C'est très important. Le prochain point a déjà été mentionné par Allison et Jessica, à savoir le fait de partager vos expériences. Cela va vraiment aider votre interlocuteur de vous entendre dire : « je suis passé par là moi aussi. Tu n'es pas seul. » Cela va aussi normaliser en quelque sorte ce qu'elle ressent et ce qu'elle vit, parce qu'on peut se sentir très seul lorsqu'on a une maladie mentale. Alors, pouvoir parler à quelqu'un, et se faire dire et montrer qu'on n'est pas seul à vivre cela peut être très précieux. On me pose souvent des questions sur les conseils. « Est-ce que je peux donner des conseils? Les conseils sont-ils appropriés, compte tenu du fait que les scénarios sont différents? » Moi je dis, « vous en savez mieux que quiconque », mais souvent, les conseils peuvent reposer sur vos perceptions à vous et vos pensées à vous, dans un contexte où je pense vraiment que le but premier du soutien par les pairs est d'écouter, de permettre aux gens d'exprimer leurs propres pensées, leurs propres préoccupations. En donnant des conseils, vous pouvez apporter vos propres points de vue, alors que vous devez plutôt les laisser explorer leurs propres points de vue et leurs propres pensées relativement à leurs propres problèmes. Autre élément : vous devez pouvoir leur proposer des ressources. Je conseille à chacun de se renseigner sur les ressources disponibles autour de lui, au sein de son organisation, de sa communauté, à son lieu de travail, mais aussi dans sa ville. Ainsi, lorsque vous avez l'occasion d'écouter une personne, de créer un cadre où elle se sent à l'aise de se confier à vous, vous pouvez l'orienter vers d'autres ressources qui pourraient lui apporter un soutien supplémentaire. Et enfin, soyez conscient de vos limites. Je reviens sur le fait que vous n'êtes pas un clinicien. Sachez que dans certaines situations vous n'êtes pas en mesure d'offrir du soutien, et c'est normal. Quelqu'un vous confie par exemple qu'il a des pensées suicidaires, et vous êtes en mesure de lui apporter un soutien réel, mais vous devez aussi savoir qu'un soutien supplémentaire sera nécessaire, et il n'y a pas de mal à lui dire « je pense que nous pouvons travailler ensemble pour intégrer d'autres types de mesures de soutien, notamment du soutien clinique. » Et enfin, quelque chose que j'entends souvent, c'est : « Vous savez, j'ai écouté, je pense avoir offert un soutien par les pairs, mais je n'ai pas l'impression d'avoir fait quoi que ce soit. J'ai l'impression de n'avoir rien accompli. » Alors je veux juste vous dire que vous devez connaître votre impact. Ce qui est paradoxal, c'est que bien souvent, en tant que pair aidant, vous avez l'impression de n'avoir pas fait grand-chose, mais quand vous discutez avec les personnes qui ont reçu du soutien, elles vous disent souvent : « cela m'a fait tellement de bien d'être écouté, et ça a fait toute la différence ».   Donc je veux vraiment, vraiment que vous gardiez à l'esprit que votre impact va bien au-delà de ce que vous pouvez percevoir. Oh, je crois que tu es en sourdine, James.

Oh, je suis vraiment désolé. Non, je suis de retour. Est-ce que tout le monde m'entend? Ok. Tu étais entrecoupé Armi, mais je pense qu'on a compris l'essentiel de ton propos. Et ce qui est commun avec ce que Jessica et Allison ont dit, c'est toute cette composante humaine, cette dimension humaine. Et ce que vous avez dit à la fin, Armi, était extrêmement important, à savoir que nous ne connaissons pas notre impact, et parfois ce n'est pas tant ce que nous disons ni ce que nous pensons, mais juste le fait d'être là en tant qu'une personne avec qui communiquer, ce qui nous ramène aux liens sociaux. Vous avez également mentionné un certain nombre d'éléments qui nous permettront d'approfondir notre discussion, et je vois déjà apparaître des questions sur les conseils positifs et les astuces. Ma prochaine question s'adresse à Catherine. Catherine est à Santé Canada, comme elle l'a dit plus tôt. Catherine, à Santé Canada, votre équipe a conçu et lancé un programme de soutien par les pairs en milieu de travail pendant la pandémie. Pourriez-vous nous parler un peu des défis auxquels vous avez été confrontés? La transition s'est-elle bien passée? Comment avez-vous justifié le programme? Comment êtes-vous passé à sa mise en œuvre? Et avez-vous tiré des leçons de votre expérience? Je sais que nous n'en sommes qu'au début, mais vous pourriez peut-être nous en toucher un mot.

Excellente question, merci, James. Nous avons évidemment été confrontés à des défis. À vous, James.

Ma prochaine question est d'ordre général, car vous en avez tous parlé. La question est la suivante : En ce qui concerne le soutien par les pairs, nous avons vu l'échelle qui a été présentée. Les employés peuvent-ils l'appliquer avec succès en milieu de travail? En d'autres termes, le soutien par les pairs peut-il être dirigé par les employés? Et j'imagine qu'une partie de cela est formelle, probablement informelle, mais peut-être sans la structure d'un cadre ou d'un environnement organisationnel. Quelle a été votre expérience, peut-être que je vais vous demander ce que vous en pensez. Je vais peut-être commencer par Allison.

Certainement! Oui, absolument! Je vais être honnête en disant que la majorité de mes expériences relèvent du milieu communautaire de la santé mentale, donc je vais laisser mes collègues ici présents en parler plus spécifiquement. Mais j'ai participé à de nombreux programmes de soutien par les pairs, la mise en œuvre par exemple. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas. Et je pense que l'une des leçons que j'ai apprises est que cela fonctionne plus efficacement lorsque c'est pensé, voulu, créé et dirigé par les personnes qui vont utiliser le service elles-mêmes. Ainsi, dans un environnement de travail, en matière de soutien par les pairs entre travailleurs, le succès sera probablement plus grand lorsque le projet sera imaginé par les personnes mêmes qui utiliseront le service. Je suis d'accord qu'un certain soutien organisationnel et des ressources de l'organisation pour appuyer ce que les collègues et les membres du personnel essaient de faire sont très utiles, mais je crois absolument au pouvoir des gens et à la capacité des gens à prendre le contrôle dans une situation pareille. Et évidemment, je les encouragerais à se tourner vers ceux qui l'ont déjà fait et vers des organisations comme Peer Support Canada pour obtenir des conseils, en savoir plus sur les pratiques exemplaires et autres choses du genre sur la façon de procéder. Mais je crois de tout cœur que les gens sont capables de mettre cela en place eux-mêmes.

Merci, Allison. Jessica, avez-vous quelque chose à partager de votre expérience?

Absolument! Je crois vraiment que les employés peuvent et devraient probablement être les principaux moteurs du soutien par les pairs au sein du gouvernement fédéral ou dans tout autre lieu de travail, parce que c'est l'avantage de ces relations réciproques entre pairs, qu'elles soient formelles ou informelles. Je tiens donc à préciser que les dirigeants doivent absolument appuyer tout cela. Ils doivent joindre le geste à la parole en encourageant cela et, en fait, en prévoyant dans la journée, du temps pour que les employés puissent tisser ces liens entre pairs. Ce n'est plus comme avant, quand nous étions tous au bureau. On pouvait aller au poste de travail de quelqu'un et lui dire : « hé, veux-tu descendre prendre un café? » ou « allons à la cafétéria jaser un peu. » Aujourd'hui, il faut essayer d'organiser une réunion sur Teams et la programmer, attraper 15 minutes ici ou là, en faire une discussion informelle et ne pas l'orienter vers le travail, ce qui est beaucoup plus difficile dans les espaces de travail virtuels ou hybrides. Et c'est ainsi que cela se passera, soyons réalistes. Nous devons donc nous efforcer de trouver le temps nécessaire, en prévoyant peut-être 15 minutes entre les réunions. De nos jours, nous allons pratiquement d'une réunion à l'autre, clic, clic, clic, clic. On n'a pas l'occasion de marcher jusqu'à l'ascenseur. On n'a pas l'occasion d'aller prendre un café. Il n'y a rien de tout cela. Donc, si les dirigeants peuvent montrer qu'ils accordent aux employés du temps pour tisser ces liens plus informels et aussi, s'il existe un programme formel de soutien par les pairs, ou si les employés souhaitent en avoir un, on devrait fournir des ressources en appui. Vous ne pouvez pas dire : « oui, offrez du soutien entre pairs juste au coin de votre bureau », parce que c'est difficile de faire fonctionner le soutien par les pairs. Il est difficile de s'assurer que les gens sont à l'aise, qu'ils ont reçu la formation adéquate. Il existe des cours et des formations à faible coût et à haut rendement que les gens peuvent suivre, mais ils coûtent un peu d'argent et de temps pour les employés. Il faut également aborder la question de la stigmatisation, et si les dirigeants montrent qu'admettre qu'on a des problèmes de santé mentale ou en parler n'est pas mauvais pour la carrière, que c'est en fait une chose positive, cela contribue grandement à faire en sorte que les employés se sentent en sécurité et à l'aise pour fournir des services de soutien par les pairs, et pour y participer également. Nous devons vraiment créer une culture de soutien par les pairs, une culture où l'établissement de relations interpersonnelles, ce contact dont je parle, est l'une des choses essentielles que nous faisons au cours de notre journée. C'est très important maintenant pendant la pandémie de COVID-19, et lorsque nous reviendrons à un mode de travail plus hybride, ce sera également très important. Je dirais sans aucun doute que les employés doivent être le moteur de cette démarche, mais la direction doit avoir la responsabilité de s'assurer que cela fonctionne.

Merci, Jessica. J'allais également poser la question à Allison. Si vous pouviez partager votre expérience, pensez-vous que ce réseau de soutien peut être dirigé?

Pardon? Pouvez-vous répéter la question, James?

Désolé. Pensez-vous que ce soutien par les pairs peut être dirigé par les employés en milieu de travail?

Oui, je n'en doute pas. Comme Jessica l'a dit, je suis d'accord avec tout ce qui a été dit. Je pense que, oui, les employés sont ceux qui bénéficieraient du service, et donc ce sont eux qui devraient le définir et le concevoir. Je pense donc qu'ils peuvent le diriger, mais lorsqu'ils demandent des ressources ou une formation, il faut les appuyer et les encourager, et il faut répondre à ces besoins, car le soutien par les pairs est un travail difficile, n'est-ce pas? Nous devons également penser au travail émotionnel éprouvant que nous demandons à ces employés d'effectuer, et nous devons les récompenser pour ce soutien qu'ils offrent à leurs collègues. Je pense donc que c'est tout à fait possible et qu'il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte, mais je crois fermement que les employés doivent faire passer le message et susciter la demande de services de soutien par les pairs.

Et Armi, avez-vous quelque chose à ajouter à cette réponse? 

Absolument! Je veux dire, au risque d'avoir l'air d'un disque rayé, je pense que Jessica et Allison ont vraiment mis le doigt sur ce qu'il faut faire, et comme je l'ai mentionné dans mon histoire, je crois fermement à cette approche de base où les étudiants, ou dans ce cas les employés, reconnaissent le besoin. Ils font pression pour l'obtenir, ils le demandent, et ils doivent montrer leur désir ardent de l'obtenir et reconnaître la valeur qu'il apportera. Et je ne pense pas qu'il y ait le moindre doute sur le caractère précieux du soutien par les pairs. Cet élément est donc crucial, car il faut vraiment être prêt à fournir les efforts qui vont avec. En même temps, l'appui des dirigeants est essentiel et, comme Jessica l'a mentionné, c'est aussi du travail, car il faudra prendre des responsabilités et soutenir l'initiative proposée par les employés. À titre d'exemple concret, lorsque j'étais à McGill, nous avions notre programme de soutien par les pairs qui offrait du soutien aux étudiants, mais nous avons reconnu qu'au sein de notre propre organisation, il devait y avoir une sorte d'espace de soutien. Il s'agissait juste d'étudiants qui parlaient à des étrangers de choses très personnelles, parfois très pénibles. Nous avions donc besoin d'un soutien par les pairs pour nos pairs aidants, afin qu'ils sentent qu'ils ont un endroit où ils peuvent s'exprimer et verbaliser. Et ce qui était vraiment important, c'est que nous avons créé un cadre pour cela, mais nous avons vraiment dû pousser nos volontaires à en profiter. Au début c'était lent. Mais fil du temps, comme les gens ont commencé à comprendre l'efficacité de cette approche, à se sentir à l'aise pour converser avec leurs pairs dans ce cadre et à véritablement utiliser les ressources qui étaient à leur disposition, cela a vraiment rehaussé l'impact sur le mieux-être global de nos volontaires et de nos employés. Je ne fais que réitérer l'importance de cette approche. Je pense que c'est vraiment grâce à cette approche de la base vers le sommet.

Merci, Armi. Catherine, je vais vous poser une question un peu différente. Au sein de Santé Canada, vous avez mis en place, comme vous l'avez mentionné, le programme de soutien par les pairs en milieu de travail. Vous avez dû faire face à toutes sortes de défis, et je suis sûre qu'il y en a plus que ceux que vous avez mentionnés. Vous savez, il faut une impulsion, il faut un champion, il faut relier les points, il faut du soutien, il faut beaucoup d'énergie, de communication, de sensibilisation, il faut que cela soit intégré dans l'organisation, pour ainsi dire. Et la question que j'aimerais poser est la suivante : à votre avis, compte tenu de tout cela, quels sont les avantages pour le participant et pour l'organisation, lorsque vous mettez en œuvre un programme formel de soutien par les pairs sur le lieu de travail?

Merci, James. Je pense que je vais revenir sur la question précédente aussi, parce que j'ai quelque chose à ajouter. Je suis d'accord avec tout le monde sur le fait que le soutien informel par les pairs a lieu tous les jours et régulièrement sur le lieu de travail, dans la mesure où les collègues discutent entre eux de leur charge de travail, de leur famille, des défis, des responsabilités, et je pense qu'ils partagent leurs expériences et offrent du soutien et des conseils régulièrement en fonction d'expériences personnelles. Les histoires qu'ils ont entendues ou qu'ils ont lues. Beaucoup d'efforts sont consacrés à la sélection et à la formation de ces collègues qui se portent volontaires pour faire partie de notre liste de pairs aidants en fonction de leurs expériences concrètes. Ils ont la possibilité de se joindre, comme je l'ai mentionné précédemment, à une communauté de pratique où ils reçoivent un soutien et une formation continus. Encore une fois, c'est très, très important. Et, sur le lieu de travail, les gens sont en mesure de solliciter les pairs aidants en fonction de leurs expériences concrètes, et d'établir des liens avec les personnes en lesquelles ils pensent se reconnaître, ou quelqu'un qui va comprendre leur situation en fonction de son propre parcours. Je pense que, comme Allison l'a mentionné plus tôt, tous les types de soutien par les pairs sont importants, qu'ils soient informels ou offerts dans un contexte plus formel. Nous croyons que l'offre ainsi que le processus de sélection, d'entrevue et de formation de pairs aidants sur le lieu de travail apporte cette dimension et cet appui supplémentaire que beaucoup d'employés recherchent. J'espère avoir abordé les deux.

Merci, Catherine. Revenons à Jessica. Voulez-vous parler du programme formel? Votre point de vue sur les avantages pour l'organisation, peut-être aussi pour les employés. Je sais que vous en avez parlé plus tôt.

Et voilà! Je suis en sourdine maintenant. Oui, absolument! Pour ce qui est du soutien informel, j'en ai parlé longuement en mentionnant ces discussions autour d'un café, d'un dîner, ces irruptions au poste de travail, et maintenant on essaie de leur consacrer du temps sur Teams. Quant à l'approche plus formelle du soutien par les pairs, j'ai participé à la création de programmes de soutien par les pairs. L'une des fois c'est lorsque j'étais au Collège militaire royal, un programme destiné aux employés du Collège, il y a presque 12 ans maintenant. C'était donc avant que le soutien par les pairs ne commence à véritablement s'imposer. Je trouve que le caractère formel a un réel avantage parce que les gens savent où aller pour trouver un espace sûr, et les employés sont invités à en profiter. Il ne s'agit donc pas seulement de tâter le pouls de vos collègues, mais de savoir où se trouvent ces personnes ayant vécu ou vivant des expériences concrètes et qui peuvent vous soutenir, et avec qui vous pouvez bâtir une relation. Et c'est utile, en particulier pour les personnes qui ne se sentent pas à l'aise de se confier à leurs collègues les plus proches, peut-être parce qu'elles préfèrent garder une certaine distance avec leurs collègues en ce qui a trait à leurs expériences personnelles, ou peut-être parce qu'elles pensent que leurs collègues n'ont pas vécu ou ne vivent pas l'expérience concrète qu'elles recherchent. Mais elles sont en mesure de faire appel à des personnes qui se sont portées volontaires pour être des pairs dans un réseau de soutien par les pairs plus formel. Et je pense que c'est le projet pilote qui est en cours à Santé Canada et dont a parlé Catherine, ce qui est très, très intéressant. Il y a même un modèle de premier contact positif en santé mentale qui est presque comme un programme d'espaces positifs. Par exemple, lorsque nous sommes au bureau, pouvoir coller notre petite plaque sur notre box avec un message du genre : « hé, je suis quelqu'un qui est à l'aise de parler de santé mentale ». Ce modèle est donc un peu plus informel que le soutien par les pairs formel, mais plus formel qu'une simple jasette. Il y a donc tout un continuum, vraiment, c'est mon point de vue sur l'aspect formel, et c'est souple. Ce modèle offre beaucoup de souplesse de bout en bout. Et vous verrez des gens qui se portent volontaires pour devenir des pairs aidants après avoir fait l'expérience du soutien par les pairs informel et trouvé que c'est utile. Donc le continuum est vraiment souple, et vous devez évoluer le long du continuum à mesure que les besoins des employés changent tout au long du processus. Et comme Armi l'a mentionné, il faut prévoir un soutien par les pairs pour les pairs aidants. Chaque conseiller, chaque psychologue, chaque psychiatre a son propre réseau de soutien, car la gestion des problèmes de santé mentale peut être très pesante et très difficile, et on ne sait pas toujours quoi faire ou quoi dire. Il en va de même pour le soutien par les pairs. Donc, avoir un véritable continuum pour le soutien formel au niveau de la base, oui, mais avoir aussi un programme qui permet aux gens d'avoir accès à des pairs qui sont un peu plus distants d'eux, un peu plus éloignés. Et vous bénéficiez d'autres expériences de la part d'autres collègues de votre ministère, ou même, un jour peut-être, de la fonction publique fédérale à l'échelle nationale, en parlant avec des personnes qui sont assez éloignées de vous et qui ont des expériences assez différentes. C'est aussi très utile pour les pairs aidants.

Merci, Jessica. Armi, je reviens vers vous. En tant que cofondateur du Réseau canadien de soutien par les pairs, pourriez-vous nous dire comment votre organisation, ou cette entité, pourrait aider les fonctionnaires fédéraux en matière de soutien par les pairs, par exemple?

Bien sûr. Je dois avouer que nous ne faisons que commencer. Nous n'en sommes toujours qu'à la préparation du matériel que nous voulons présenter, mais nous travaillons sur plusieurs choses. Nous préparons notamment un guide. Quels sont les concepts clés d'un système organisé de soutien par les pairs? Après avoir mis en place une structure officielle de soutien par les pairs dans une institution, de quelles considérations devrions-nous tenir compte? Comme Allison, Jessica et Catherine le savent sans doute : une fois qu'on entre dans le vif du sujet, on doit commencer à penser à certains points, comme la gestion du risque et la gestion de crise; ce sont des considérations importantes qui doivent être intégrées à tout programme structuré de soutien par les pairs. Pour ce faire, nous espérons élaborer un ensemble de directives qui traitent de chacun de ces points. Parallèlement, nous voulons aussi accroître la formation. Nous travaillons à rendre celle-ci plus vague, c'est‑à‑dire de faire en sorte qu'elle puisse s'appliquer à diverses d'institutions. Bien sûr, l'expérience de mon équipe provient principalement des jeunes et des milieux universitaires, mais l'ironie de la chose, c'est que la stigmatisation tend à être la plus forte dans ce genre de milieux, où les obstacles à l'accès et au soutien ont tendance à être les plus grands et où les taux de maladie mentale sont les plus élevés. En effet, beaucoup de maladies mentales se manifestent pour la première fois à cet âge. Les membres de l'équipe de soutien par les pairs se heurtent donc à des difficultés uniques qu'ils doivent gérer à ce niveau. Je suis convaincu que la formation que nous travaillons à élaborer sera applicable à un vaste éventail d'institutions différentes. Je vous invite donc à vous tenir au courant des progrès à cet égard. Pour l'instant, nous préparons toujours le matériel : si vous avez des idées, des commentaires ou des réflexions sur ce dont nous avons discuté aujourd'hui, je veux les entendre. Nous espérons vraiment élaborer des formations et des directives afin que les institutions disposent d'un cadre pour mettre au point une méthode qui leur convient. Comme dernier point, j'aimerais dire que le soutien par les pairs diffère selon les institutions. La taille, la structure, la hiérarchie – tous ces facteurs comptent. Il n'y a donc pas de solution universelle. C'est pourquoi, comme on y a fait allusion, le soutien par les pairs comporte une certaine valeur et son impact est énorme, mais on doit faire le travail nécessaire. Tout le monde doit s'engager à concrétiser cette belle chose qu'est le soutien par les pairs.

Je vais demander à Allison de nous parler de l'initiative Peer Support Canada sous peu, mais avant cela, je tiens à dire que selon mes observations et les commentaires dont les gens me font part, c'est que lorsqu'il est question d'une initiative officieuse, par exemple une initiative dirigée par les employés ou en quelque sorte auto‑organisée, celle-ci a besoin de ce soutien organisationnel et, peut-être même, d'un champion organisationnel pour faire en sorte que les gens gardent cette initiative à l'esprit; autrement dit, lorsqu'on veille à ce que l'initiative dispose des ressources nécessaires, les gens y prêtent attention. Toutefois, j'ai aussi vu le revers de la médaille, soit des cas où l'intervention administrative dans une initiative mise sur pied par les employés a eu pour résultat de freiner celle-ci, de la retarder, voire d'y mettre fin, en raison du trop grand nombre de règles et de processus mis en place. Voici donc ce que j'aimerais savoir : selon vos expériences collectives – si vous avez une opinion à ce sujet –, dans quelle mesure une initiative devrait-elle être officialisée par rapport à son approche communautaire initiale? Il s'agit-là d'un éventail en soi, qui comprend notamment la surveillance administrative, l'obligation de rendre des comptes, la responsabilité et peut-être même le financement s'il est intégré à un programme. Commençons avec Catherine.

Merci, James. C'est une excellente question. Je suppose que, comme je l'ai mentionné plus tôt, notre organisation a très tôt apporté un énorme soutien à l'égard des avantages de la mise en place d'un programme de soutien par les pairs à Santé Canada et à l'Agence de la santé publique du Canada. En allant de haut en bas, soit notre sous-ministre et nos sous-ministres adjoints, nous avons rencontré les syndicats, et, sur la base de ce que tout le monde a dit et présenté aujourd'hui, on peut constater l'évidence de la valeur que représente le soutien par les pairs en milieu de travail. Comme je l'ai dit, nous avons reçu un soutien énorme à l'égard de cette idée, sous forme de ressources et de financement connexe pour élaborer et mettre en œuvre un programme de soutien par les pairs. Nous avons mené beaucoup d'activités de promotion et de communication à l'échelle de l'organisation dans le but de susciter l'intérêt des employés : cela n'a pas été difficile, car nous l'avons présenté comme une autre ressource, un autre outil, de la gamme de ressources en santé mentale qui sont déjà offertes aux employés. Il y a donc eu de l'intérêt de la part d'employés en milieu de travail qui vivaient ou avaient vécu une expérience concrète, qui croyaient avoir beaucoup à offrir, et qui voulaient faire partie d'un programme en milieu de travail qui leur fournirait l'occasion de redonner aux autres. Qui plus est, je peux vous dire que les personnes qui se sont portées volontaires pour y participer, qui ont fait part de leur intérêt et qui se sont soumises au processus de sélection, à l'entrevue et à la formation provenaient de tous les niveaux de l'organisation. Des directeurs généraux ont suivi le processus de sélection et sont inscrits sur la liste des membres de l'équipe pouvant offrir un soutien aux employés. Il y a vraiment eu un soutien énorme à tous les niveaux. Nous avons fait et continuons de faire beaucoup de travail de promotion et de communication au sujet des avantages et de la valeur que le soutien par les pairs peut offrir aux employés, afin que ceux-ci considèrent l'initiative comme une ressource supplémentaire qui vient s'ajouter à la boîte à outils actuellement offerte. Les employés ont la possibilité de la choisir au besoin. Je tiens à souligner, James, que nous sommes en mesure d'épauler fermement les personnes qui se sont portées volontaires pour devenir membres de l'équipe de soutien par les pairs dans notre organisation. Nous pouvons offrir une communauté de pratique, un soutien et de la formation afin de maintenir leur intérêt et leur engagement et de leur fournir le soutien nécessaire pour faire face à toute question ou préoccupation auxquelles ils pourraient se heurter dans le rôle ou la fonction de membre de l'équipe de soutien par les pairs. Cela comprend l'élaboration d'un document de politique très, très détaillé, qui décrit tout, par exemple la gestion des questions de confidentialité. En tout, nous avons consacré beaucoup de temps et d'énergie à cette initiative. Les membres de l'équipe ont l'appui de leur gestionnaire pour le travail qu'ils effectuent, et je peux dire que tous nos employés en sont reconnaissants.

Merci, Catherine. Armi, aimeriez-vous ajouter quelque chose?

Je n'ai qu'un point à ajouter. En ce qui concerne la perspective en matière de leadership, on doit aussi reconnaître une chose : il est bien connu et bien documenté que les questions de santé mentale et la maladie mentale constituent l'une des raisons les plus fréquentes pour la prise de congés de maladie et un obstacle majeur à la productivité et à l'efficacité dans un lieu de travail. La valeur que le soutien par les pairs apporte, c'est donc réellement comme l'a mentionné Catherine : à long terme, les efforts et le temps consacrés à la mise en place d'un programme comme celui-ci s'avèrent vraiment bénéfiques pour votre organisation ou votre institution ainsi que vos employés. Vous aurez une plus grande incidence et obtiendrez de meilleurs résultats en appliquant cette démarche. De plus, je veux ajouter un point au sujet des lourdeurs administratives et des difficultés qu'on a mentionnées plus tôt que dans les universités, il peut être très difficile de bien faire comprendre l'importance de la santé mentale aux administrateurs ou aux membres du corps enseignant qui ne savent pas réellement ce que c'est que d'être un adolescent de 18 ou 19 ans ou un jeune adulte dans le monde d'aujourd'hui. Au bout du compte, dans une institution – comme dans tout autre lieu de travail –, l'objectif est de recruter et de développer des employés compétents, confiants, débrouillards et résilients qui sont en mesure de contribuer à l'organisation et de continuer à se perfectionner en tant qu'individus tout au long de leur vie. Ce n'est qu'une observation que je voulais réitérer.

Oui, je comprends. Merci une fois de plus de votre contribution. Avant de passer à Allison, Jessica, avez‑vous quelque chose à dire à ce sujet?

En fait, j'ai un excellent exemple d'une initiative communautaire qui a été officialisée avec succès : je parle du Bureau des conférenciers fédéraux sur la santé mentale. Celui‑ci a été conçu et établi à partir d'une idée provenant de deux fonctionnaires fédéraux, qui l'ont mis sur pied de façon très informelle en marge de leurs fonctions officielles; il est maintenant hébergé au Centre d'expertise pour la santé mentale en milieu de travail. Il a très bien réussi cette transition, du moins à mon avis. Ainsi, l'idée de Danielle et Jean-François est devenue quelque chose de structuré au sein de la fonction publique et qui croît de jour en jour, tout en conservant son élan communautaire initial. Selon moi, il a également conservé sa pertinence en continuant de tendre la main aux fonctionnaires, de découvrir ce qu'ils veulent, de déterminer ce dont les conférenciers ont besoin et ce dont ils veulent parler. Pour ce faire, on y emploie des personnes qui vivent ou ont vécu des expériences leur permettant de prendre part au projet, et l'on a veillé à ne pas retirer l'initiative des mains de ses créateurs. Il est donc tout à fait possible d'intégrer avec succès ce genre d'initiatives à la machine gouvernementale. Il faut cependant y mettre du sien et de la volonté pour y arriver, car – vous avez raison – cela peut très vite devenir une question de mandat, de comités, de champions et tout le tralala. On commence à se demander « qui a eu cette idée en premier lieu? », puis à se dire « eh bien, on s'en fout ». Je pense que c'est en grande partie ce qui étouffe la flamme chez les gens, cette passion qui nous pousse à prendre des mesures constructives. Elle peut s'éteindre très rapidement si la bureaucratie prend le dessus sur l'intention et le but du projet. Selon mon expérience en tant que pair aidant, si je peux sentir que je contribue à améliorer un aspect dans la vie ou l'expérience d'une personne – ne serait-ce qu'une seule personne –, cette contribution a une valeur pour moi. Je suis donc d'avis que toute officialisation d'une structure de soutien par les pairs qui me permet de continuer à ressentir cela, de continuer à sentir que je change les choses, sera sans doute une réussite. Je pense qu'Allison l'a déjà mentionné : parfois c'est difficile, parfois ça ne réussit pas. Par exemple, vous pourriez essayer de mettre en place un réseau de soutien par les pairs et, pour quelque raison que ce soit – notamment la culture de l'organisation où vous travaillez ou simplement les pressions sur les employés à ce moment‑là qui ne leur permettent pas de consacrer un peu de leur temps de travail à des tâches qui ne relèvent pas de leurs fonctions régulières –, vous pourriez déterminer que ce modèle de soutien ne fonctionne pas, même s'il est doté de toutes les ressources nécessaires. J'applaudis le groupe de Catherine d'avoir mis en place un programme de soutien par les pairs pendant la pandémie, alors que le surmenage chronique est très répandue à la fonction publique. C'est un problème énorme partout de nos jours. Nous savons que conciliation de la vie professionnelle et de la vie privée est très déséquilibrée, en ces temps où l'on peut facilement s'asseoir à son poste de travail à la maison le week-end pour consulter ses courriels. Les gens sont débordés, et c'est pendant ces périodes qu'ils ont le plus grand besoin de soutien en matière de santé mentale, et en particulier de soutien par les pairs, mais c'est aussi pendant de telles périodes qu'ils sont le moins en mesure d'avoir l'énergie nécessaire pour obtenir ce soutien. J'ai donc de grandes attentes pour le programme de Santé Canada. Il a pu être lancé et de fonctionner pendant la pandémie, et s'il est capable de fonctionner pendant une pandémie mondiale qui n'arrive qu'une fois tous les cent ans, j'ai bon espoir qu'il fonctionnera lorsque nous nous dirigerons vers un modèle future de travail virtuel et hybride. Donc oui, je pense que la bureaucratisation peut nuire à un programme, mais elle peut aussi lui donner le sérieux et les ressources dont il a besoin, c'est‑à‑dire la légitimité dont ce genre de projet a souvent besoin. Je pense qu'il est possible d'y arriver avec succès. Nous pourrions échouer une ou deux fois, mais je crois que nous y arriverons.

Merci, Jessica. J'ai quelques observations... Je travaille à l'Association professionnelle des cadres supérieurs de la fonction publique du Canada. Nous sommes un groupe qui travaille activement avec les quelque 7 000 cadres de l'administration publique centrale. Vous serez peut-être surpris d'apprendre que ces enjeux touchent les cadres supérieurs comme tout le monde à la fonction publique et il nous arrive de l'oublier. Pour en revenir à question de la bureaucratisation, d'après ce que tout le monde a dit, il me semble que ce travail ne peut pas se faire qu'en criant ciseau : la mise sur pied d'un tel projet est un travail de longue haleine. Selon moi, l'important est d'établir un équilibre afin d'atteindre les différents niveaux de l'organisation. Pour y parvenir, on a besoin de temps, mais aussi d'une certaine structure administrative afin de le rendre plus permanent, car l'entité doit pouvoir poursuivre ses activités même si les joueurs changent. Cependant, il ne faut pas bureaucratiser dans une trop grande mesure et mettre en place des règles et des procédures qui pourraient en quelque sorte « étouffer » l'initiative, la flamme qui était là au départ. Je ne crois pas qu'il y a de réponse à cette question. Je voulais simplement connaître votre point de vue à ce sujet. Certaines de ces initiatives sont naissantes, alors que d'autres suivent l'évolution du cycle de vie typique d'une initiative; c'est fascinant. Allison, j'aimerais que vous nous parliez de Peer Support Canada. En ce qui concerne cette initiative, quel type d'aide pouvez-vous fournir aux fonctionnaires fédéraux, et comment vous y prenez-vous?

Oui, vous posez la question à un moment intéressant : nous procédons actuellement à une planification stratégique et nous essayons de déterminer comment nous rendre le plus utile à quiconque désire participer à des initiatives de soutien par les pairs, même si celles-ci ne sont pas tout à fait officielles. Ces gens comprennent notamment les personnes qui cherche à établir un réseau de soutien par les pairs dans son ministère ainsi que les ministères dans leur ensemble qui cherchent à créer un milieu pour le soutien entre collègues. Nous pouvons donc aider à la mise en œuvre, à la conception, à l'évaluation et au soutien continu de ce type de programmes, mais nous voulons aussi entendre les fonctionnaires nous indiquer comment les épauler dans leurs efforts de soutien par les pairs. C'est donc un bon moment pour nous poser la question, parce que nous sommes ouverts aux idées. En général, Peer Support Canada a pour objectif de veiller à ce que le soutien par les pairs soit une partie centrale et intégrale de notre système de santé, y compris dans le lieu de travail. Par le passé, le lieu de travail n'était peut‑être pas été compris dans cette définition, mais je pense qu'aujourd'hui, nous reconnaissons qu'il doit l'être, parce qu'il s'agit de l'endroit où nous passons tout notre temps. Par conséquent, si nous voulons aborder la santé mentale de manière un tant soit peu adéquate, nous devons le faire dans le lieu de travail également. Nous sommes donc en train d'y réfléchir, mais, en tant qu'organisation, nous avons pour objectifs de rehausser la légitimité, c'est-à-dire la légitimité perçue, et la validité du soutien par les pairs dans le lieu de travail et dans le système de santé, ainsi que d'épauler les pairs aidants et les organisations de soutien par les pairs qui effectuent le travail sur le terrain. J'aimerais revenir un peu sur le sujet de la professionnalisation excessive : c'est un enjeu dont nous tenons bien compte au cours de cette nouvelle phase. Comme vous l'avez dit, James, nous essayons tout simplement d'établir l'équilibre entre la normalisation et la structure; l'idée consiste à rehausser la légitimité du soutien par les pairs sans toutefois perdre cette humanité authentique qui fait de ce modèle ce qu'il est. Selon moi, nous cherchons vraiment à nous assurer que nous pouvons offrir des services comme la certification, l'accréditation, l'application de normes, la création de bons outils de recherche et d'évaluation pour valider l'efficacité du soutien par les pairs. Mais nous ne voulons pas non plus être trop prescriptifs. Par exemple, si vous venez nous voir et que vous nous dites : « Je pense que je veux mettre en place un programme de soutien par les pairs », nous n'allons pas vous répondre, « O. K., dites ceci, faites cela; voici la première étape, puis la deuxième et la troisième ». Vous connaissez votre environnement mieux que nous et vous connaissez les besoins de votre communauté mieux que nous, en tant qu'organisation nationale. Nous ne sommes donc là que pour vous aider à fournir la structure dont vous avez besoin pour démarrer ou lancer une initiative, et ce, de manière « correcte », entre guillemets, parce que nous disposons de quelques pratiques exemplaires dans le domaine du soutien par les pairs en ce qui concerne ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Nous pouvons aider en transmettant de ces apprentissages et de ces connaissances, et réellement donner aux gens qui cherchent à entreprendre une telle initiative la possibilité de le faire eux-mêmes, avec notre soutien, bien sûr. Toutefois, nous sommes bien conscients qu'il ne faut pas professionnaliser ou bureaucratiser de façon excessive les efforts de soutien par les pairs, parce que nous savons que ça ne serait pas utile au réseau de soutien par les pairs. Nous vivons une période intéressante. Nous souhaitons surtout nous assurer que les services que nous fournissons aident à faire en sorte que le soutien par les pairs soit considéré comme une partie légitime de notre système de santé, et que les travailleurs et les organisations de soutien par les pairs puissent faire leur travail. Restez donc à l'écoute de ce que vous réserve Peer Support Canada.

Merci beaucoup à nos invités. Passons maintenant à la prochaine partie de notre programme. Nous allons jeter un coup d'œil à la fenêtre de clavardage. Si vous souhaitez ajouter quelque chose à la discussion que nous venons d'avoir ou si vous avez une question, je vous invite à poser votre question et à inscrire votre adresse courriel dans le coin supérieur droit de l'écran; nous allons tenter de répondre au plus grand nombre de questions possible. J'encourage les invités à fournir des compléments d'information s'ils ont quelque chose à ajouter pour répondre aux questions. Je vais lire la première question qui nous est parvenue : « Qu'en est-il des gens qui ne prennent pas les démarches pour obtenir du soutien? Comment leur tendez-vous la main? Comment leur faites‑vous comprendre qu'ils peuvent prendre contact, que des ressources et du soutien sont à leur disposition? S'ils hésitent toujours, que pouvons-nous faire pour aider nos chers collègues? » Allison, si vous le voulez bien, je vais vous demander de commencer à répondre à cette question.

Je suis certaine qu'on aura tous quelque chose à répondre à cette question, parce que nous avons tous vécu cette expérience. Ce qui me vient tout d'abord à l'esprit, c'est que j'ai été dans cette position. J'ai été cette personne qui n'allait vraiment pas et à qui on a disait, « va voir le médecin; fais ceci, fais cela; il existe des ressources; tu peux obtenir de l'aide », mais je n'étais pas réceptive à ces suggestions. Ce que je recommanderais dans une telle situation – puisque c'est ce qui m'a le plus aidé –, c'est de faire preuve d'empathie envers la personne qui n'est pas prête à accepter ces ressources ou à prendre ces démarches. Ayez de l'empathie à cet égard. Efforcez-vous le plus possible de ne pas juger la personne, parce que c'est facile de dire, « telle personne ne fait que se plaindre constamment, mais elle ne fait rien pour s'aider; ça devient ennuyeux; c'est juste de la paresse ». Il est très facile de se laisser emporter par des préjugés. Selon moi, mettre de côté nos préjugés est le meilleur moyen d'aider une telle personne qui n'est peut-être pas tout à fait prête à faire usage de ces ressources et mesures de soutien. Ensuite, je dirais que, même si cette personne nous répète chaque fois qu'elle ne veut pas de la ressource que vous lui proposez, il faut lui garder la porte ouverte. En tant que personne ayant vécu une expérience concrète, les phrases qui m'ont été les plus utiles sont, « D'accord, je serai là quand tu voudras en parler » ou « Outre ces ressources, qu'est-ce qui pourrait t'aider? » Le simple fait qu'on remette la balle dans mon camp me fait sentir que je peux dire, « ces ressources ne me parlent pas, mais est-ce qu'on pourrait se promener un peu? As-tu une vingtaine de minutes pour m'écouter? » Parfois, il suffit de laisser germer l'idée dans l'esprit de la personne et de garder la porte ouverte. Éventuellement, cette personne va sans doute se sentir prête à accepter ces ressources, et l'on doit veiller à ce qu'elle n'ait pas l'impression qu'on ne l'aidera pas parce qu'elle a refusé notre aide trop souvent. Il s'agit d'une porte fermée qui finira par nuire au soutien au bout du compte. Je crois donc qu'on doit faire preuve d'empathie dans la mesure du possible, d'essayer de comprendre le point de vue de cette personne et, si elle refuse les ressources et le soutien qu'on lui offre, de tâcher de garder cette porte ouverte en lui disant, « je comprends ton état d'esprit en ce moment; fais-moi signe s'il y a un changement », ou encore « je reviendrai te voir dans une couple de semaines pour voir où tu en es par rapport à tout ça ». En tant que pair aidant ou de collègue, c'est vraiment la meilleure façon d'aider quelqu'un.

Merci, Allison. Jessica, dans cette même situation, que suggéreriez-vous, outre l'empathie et une approche empathique?

Il y a encore beaucoup de stigmatisation autour des maladies mentales. Pendant la pandémie, les gens ont commencé à mieux comprendre les défis présents en santé mentale, les soins de soi et l'importance du yoga, de la pleine conscience, de la tenue d'un journal, du coloriage et de toutes ces choses qui sont vraiment utiles pour la santé mentale. Toutefois, pour les personnes qui luttent contre la maladie mentale, il y a encore beaucoup de stigmatisation, peut-être même plus qu'avant. Les gens vont donc avoir tendance à résister à toute personne qui suggère qu'il pourrait s'agir d'un problème de santé mentale, ou même de maladie mentale. C'est tout à fait naturel. Allison, je comprends très bien ce dont vous parlez : moi aussi, j'ai été l'une de ces personnes et je continue de l'être de temps à autre, parce que c'est encore très stigmatisant. Alors, ce que je suggère, c'est de ne pas aborder cette personne... Il pourrait sembler plus facile de s'adresser à celle-ci comme si elle avait besoin de votre aide, de vos conseils, de votre appui ou d'autres ressources, mais ce que je conseillerais plutôt, c'est un contact plus vrai avec la personne qui éprouve des difficultés. Ne vous dites pas : « Wow, cette personne souffre réellement. Elle ne voudra pas entendre parler de mes problèmes. Je ne lui en parlerai pas. Concentrons‑nous plutôt sur elle. » En réalité, ce serait bien plus efficace si vous étiez ouvert et vulnérable avec cette personne, si vous partagiez avec elle; cela la mettrait en confiance. La plus grande erreur que les gens font avec moi, en tant que personne vivant avec une maladie mentale chronique, c'est de me considérer comme quelqu'un qui ne peut pas les épauler à l'égard de leurs problèmes. Je me sens le plus utile et le plus proche de mes amis, de ma famille et de mes collègues lorsqu'ils sont capables de partager leurs difficultés avec moi. Et cela suscite la réciprocité : je me sens ainsi plus à l'aise de m'ouvrir à eux au sujet mes propres difficultés. Bien sûr, je ne leur dis pas nécessairement : « J'ai une maladie mentale diagnostiquée et vous devriez entendre ce que je fais ». Par contre, je me sens à l'aise de dire : « Vous savez quoi? J'ai des problèmes avec mes enfants qui doivent suivre leurs cours en ligne; ça met ma maison dans un état de désordre total. Wow. On peut partager ça. » Ensuite, à mesure que notre relation se construit, je pourrai dire : « je sens que j'ai besoin d'aide pour tel problème » ou « Je sens que j'ai besoin de ressources pour telle question. Sais-tu où je peux les trouver? ». Mais il faut du temps pour établir ce type de relation, surtout lorsqu'on a peur de la stigmatisation ou des représailles. La dernière chose que je tiens à dire à ce sujet, c'est que j'entends souvent cette question de la part des gestionnaires et des superviseurs. « Si un de mes employés éprouve des difficultés, mais refuse de trouver de l'aide, que puis-je faire? » Je vous conseille une fois de plus d'être ouvert et vulnérable avec lui. Comme on dit, on ne saurait faire boire un âne qui n'a pas soif, c'est‑à‑dire que vous pouvez donner toutes les ressources du monde à un employé ou à un pair, mais vous ne pouvez pas le forcer à y avoir recours. Au final, c'est leur propre sens de l'autonomie et de l'autodétermination qui déterminera s'ils iront ou non chercher de l'aide. Il n'est donc pas toujours utile de les inonder de ressources. En fait, j'en arrive au même conseil d'Allison : remettre la balle dans le camp de la personne. Disons que ces ressources ne sont pas utiles. J'entends beaucoup de gens dire : « Mon PAE n'est pas utile; aller voir un conseiller ne sert à rien ». D'accord, je comprends, mais qu'est-ce qui serait utile pour vous? Avez-vous juste besoin de vous défouler? Voulez-vous aller prendre un café ensemble pour en discuter? Préféreriez-vous qu'on se fixe un rendez-vous périodique pour aller prendre un café ensemble? Réfléchissez à ce qui vous serait utile, et remettez la balle dans leur camp. Je suis tout à fait d'accord, Allison, c'est un excellent conseil.

La question suivante nous permet d'effectuer une bonne transition. On demande : « De quelle façon recommandez‑vous qu'on communique un problème de santé mentale à un superviseur qui n'a jamais vécu une telle expérience? » Vous pouvez avoir un certain degré d'empathie, mais comment faire pour en arriver à cette compréhension? Jessica, vous avez abordé ce sujet dans votre réponse à la question précédente, peut-être pourriez‑vous poursuivre?

Oui, absolument. Je tiens à souligner qu'il n'est pas nécessaire d'avoir connu la même maladie mentale ou les mêmes symptômes de problèmes de santé mentale pour comprendre : de nombreux problèmes de santé mentale, et même des symptômes de maladie mentale, se situent dans le spectre des expériences que partagent les êtres humains. Nous connaissons tous la tristesse, mais nous ne souffrons pas tous de dépression. La dépression est un ensemble de symptômes, qui peut comprendre la tristesse. Mais nous avons une certaine expérience de ce que c'est que de subir une perte, d'avoir du chagrin, d'être triste, de ne pas avoir envie de se lever ou de faire quoi que ce soit pendant quelques jours à la fois. Bien qu'il ne s'agisse pas nécessairement d'une maladie mentale, de telles expériences forment la base sur laquelle peut se bâtir l'empathie pour ceux qui luttent contre quelque chose qui dépasse l'expérience humaine commune des émotions. Il n'est donc pas nécessaire qu'une personne partage complètement votre point de vue et votre expérience pour qu'elle éprouve de l'empathie. La différence dans ce cas, c'est le déséquilibre des pouvoirs, c'est-à-dire qu'une personne se trouve en position d'autorité par rapport à une autre. Dans un cas comme celui-là, nous voulons des preuves de l'empathie qu'éprouvent nos supérieurs, qu'il s'agisse de notre gestionnaire, un directeur ou un membre de la haute direction. On veut la certitude qu'ils feront preuve d'empathie quand on communiquera avec eux. C'est facile de dire qu'on est une personne très empathique, mais il faut certaines preuves. Je crois que c'est de cette incertitude que naît cette question. Vous savez, une personne sur cinq – ou une personne sur quatre, tout dépendant de la source – se trouvera aux prises avec une maladie mentale au cours de sa vie. On estime même que la moitié d'entre nous pourrait en souffrir, et 100 % d'entre nous aiment quelqu'un qui en souffre. Regardez vos listes d'amis Facebook, Instagram et Twitter et pensez-y : une personne sur cinq est aux prises avec une maladie mentale; si vous avez plus de quatre amis sur ces plateformes, sans doute connaissez‑vous quelqu'un qui éprouve de telles difficultés. Cette expérience-là aussi peut susciter de l'empathie. Votre patron n'a peut‑être pas personnellement vécu une expérience de la maladie mentale, mais il se pourrait que son enfant ou son meilleur ami ait eu une telle expérience. Voilà un autre moyen par lequel l'empathie peut naître chez quelqu'un. Ne sous‑estimez pas les personnes qui n'ont pas d'expérience directe de la maladie mentale. Il se peut aussi qu'elles aient vécu toute une série de situations ayant suscité de l'empathie. Il y a de fortes chances que ce soit le cas.

Excellente réponse. Voici une question qui revient souvent : « Selon mon expérience, lorsque des mesures d'adaptation sortent de l'ordinaire, elles sont très difficiles à obtenir. Par exemple, avant la pandémie, une telle mesure me permettait de faire du télétravail. Mon employeur m'a dit que ce ne serait pas possible. Mon syndicat m'a expliqué que le télétravail n'était pas régi par la convention collective, et que rien ne pouvait donc être fait pour m'accommoder. Quels sont les processus en place pour aider les gestionnaires et nos syndicats à soutenir les personnes ayant des problèmes de santé mentale? »

[Catherine prend la parole, et sa fenêtre remplit l'écran.]

C'est parce que je suis gestionnaire... J'ai vu cette question dans la fenêtre de clavardage et j'y réfléchis depuis un moment, James. Selon mon expérience, lorsqu'il y a des défis comme des conversations difficiles, particulièrement entre syndicats, gestionnaires et employés, la plupart des organisations de la fonction publique disposent de certaines formes de soutien par exemple un bureau d'ombudsman, une charte des valeurs et un code d'éthique, un bureau de résolution des conflits. Il peut être très utile de faire appel à ces formes de soutien. On peut suivre des séances de coaching en vue d'avoir une conversation difficile. On peut inviter quelqu'un à participer à la conversation pour faciliter le dialogue. J'ai également entendu parler de ces difficultés de la part des employés, qui ont l'impression que personne n'est à l'écoute de leurs besoins et qu'on bénéficierait d'une plus grande clarté en ce qui a trait à ceux‑ci, ainsi qu'une meilleure compréhension. Ce serait donc sans doute une bonne idée d'inviter des personnes provenant de ses formes de soutien pour aider à articuler et comprendre les besoins de certaines personnes et faciliter la conversation. Voilà à priori ce que je pense à ce sujet.

[Jessica parle en français.]

Je vais passer en anglais à ce point-ci. Je pense qu'il est important pour les gestionnaires d'être de bons défenseurs de leurs employés. En tant que gestionnaire qui a aussi travaillé avec des syndicats, je sais qu'il est parfois facile d'aller voir les gens qui travaillent en relations de travail afin d'obtenir des conseils et de se cacher derrière ça. Toutefois, je recommande vivement aux gestionnaires de se faire les défenseurs des employés ayant besoin de mesures d'adaptation ou qui ont des besoins difficiles à satisfaire et de travailler avec tous les acteurs. Il est important que les syndicats et les représentants des relations de travail soient présents pour offrir un soutien au gestionnaire qui tente d'appuyer l'employé. On doit garder en tête que l'employé est vraiment celui qui se trouve au centre de tout cela, qui veut tout simplement pouvoir bien faire son travail et obtenir du soutien. Quand j'ai eu besoin qu'on m'accommode en raison de mes soucis de santé mentale, mon gestionnaire n'était même pas au courant des possibilités qui s'offraient à moi. Il y a presque 10 ans de cela, et nous avons fait beaucoup de chemin depuis. À l'époque, cependant, j'ai dû m'informer sur ce dont j'avais besoin, ce qui était possible et ce qui allait me permettre de faire mon travail du mieux possible. Et ça m'a encouragée de savoir que j'avais un directeur qui s'est battu pour moi et qui ne s'est pas contenté de rester réactif et de ne pas trop s'en mêler. Il a vraiment essayé de travailler avec moi pour trouver une solution qui me conviendrait, parce qu'au final, je voulais simplement faire mon travail.

Merci, Jessica. Prochaine question : « Comment peut‑on déterminer qui pourrait agir comme pair aidant au sein d'une organisation? ». Allison, je crois que cette question vous intéresse?

Oui. Je sais que tous les invités pourraient répondre à cette question, mais je tiens à souligner que l'expérience vécue n'est pas la seule exigence pour devenir un pair aidant. Comme Jessica l'a mentionné, les problèmes de santé mentale et la maladie mentale sont incroyablement courants, et un très grand nombre de personnes en ont une expérience directe, mais ce n'est pas tout le monde sur la planète qui possède les compétences de communication ou la capacité de s'engager dans ce type de rôle de soutien. Lorsque je fais partie d'un comité d'embauche ou que je mène des activités de recrutement pour des postes de soutien par les pairs, je cherche notamment des personnes qui possèdent des compétences en relations interpersonnelles, dont une habileté naturelle à être présent et à tisser des liens avec un autre être humain. Malheureusement, nous ne possédons pas tous ce don. Je tente de trouver ce savoir‑être qui permet d'établir des liens et d'aborder les personnes ayant des problèmes de santé mentale sans les juger. C'est parfois beaucoup plus facile à dire qu'à faire. Comme personne ayant vécu des problèmes de santé mentale, j'ai moi-même parfois du mal à trouver un espace sûr où je ne me sens pas jugée. C'est donc ça que je cherche : la capacité de rester sans préjugés, même face à ce collègue qui, entre guillemets, « vient travailler tous les jours et ne fait que se plaindre sans cesse ». Vous devez pouvoir éviter de porter un jugement, entre guillemets, « même face à cette situation ». De plus, dans le domaine du soutien par les pairs, on croit parfois pouvoir suivre un programme de formation de soutien par les pairs de huit semaines et ensuite être bon pour le reste de sa vie, mais je suis une grande partisane de l'apprentissage et de l'éducation continus. Je cherche cette capacité et cette volonté d'apprendre continuellement dans ce rôle de pair aidant, et non pas seulement dans le cadre de formations officielles ou auprès d'un responsable, par exemple un coordinateur ou un responsable du programme de soutien par les pairs. On doit aussi apprendre des personnes à qui l'on apporte un soutien. Chaque fois que vous soutenez quelqu'un qui est aux prises avec un problème de santé mentale, vous avez l'occasion d'apprendre d'eux, de ce qu'ils font pour s'en sortir au quotidien et des stratégies d'adaptation qu'ils ont mises en place et qui ont fonctionné pour eux. S'ils vous disent : « écoute, cette conversation n'est pas utile pour moi en ce moment », tirez-en une leçon et une occasion d'apprendre à être un meilleur pair aidant. Voilà donc quelques-unes des qualités recherchées. Je parle de la capacité d'apprendre et l'ouverture à cet égard, de bonnes habiletés de communication interpersonnelle, la volonté de faire preuve d'humanité et de parler de ses propres expériences, et enfin – désolée – capacité de suivre un bon plan de soin de soi, parce que comme je l'ai dit plus tôt, ce travail est vraiment, vraiment, vraiment difficile. Selon moi, s'engager dans un rôle de soutien sans plan pour prendre soin de soi, c'est prendre un gros risque. Il faut donc être capable d'avoir un sens aigu de son propre bien-être et de ce que l'on doit faire pour se maintenir en bonne santé, afin d'être capable de soutenir les autres.

Quelqu'un d'autre veut-il répondre à cette question?

[Catherine prend la parole.]

Je ne sais pas si je réponds à la question, mais j'ajoute à ce qu'Allison et Jessica ont dit. Les compétences nécessaires pour être un pair aidant sont d'une très grande importance. Nous n'en sommes pas tous capables. L'empathie, l'absence de jugement, une bonne écoute : tout ce savoir‑être qu'ont mentionné Jessica et Allison est très important. J'ai bien aimé qu'Allison dise qu'il ne suffit pas de participer à un programme de formation de huit semaines. C'est vrai, et c'est pourquoi nous avons notamment organisé des réunions mensuelles de la communauté de pratique à l'intention des pairs aidants. Il ne s'agit pas seulement des pairs de Santé Canada. En effet, nous avons organisé de telles réunions dans d'autres ministères du gouvernement du Canada qui ont mis en œuvre des programmes visant à permettre aux pairs aidants d'apprendre les uns des autres et d'échanger sur des situations difficiles. Il s'agit aussi d'apprendre de l'ensemble de la communauté. Je pense donc que c'est une chose très importante que je tenais à mentionner, James.

Cela m'amène à la question suivante : « Que puis-je faire pour devenir un pair aidant? Pensez-vous qu'une personne peut être pair aidant même si elle traverse elle‑même une période difficile? » Armi, vous aimeriez répondre à cette question?

Oui, c'est une excellente question. Je pense que nous avons fait allusion à certains des éléments qui entrent en jeu un peu plus tôt. En ce qui concerne la première question, « Que puis-je faire pour devenir un pair aidant? » D'une part, comme Allison, Jessica et Catherine l'ont mentionné, il faut posséder plusieurs qualités de savoir‑être, comme l'entregent. Vous devez donc faire une sorte de réflexion personnelle. Est-ce que j'ai ces compétences? Est-ce que j'aime la communication interpersonnelle? Est-ce que j'aime écouter et communiquer avec mes collègues et mes pairs? Il s'agit donc d'un important travail d'autoréflexion. D'autre part, il y a la passion. Cela nous amènera à un point connexe : il s'agit d'une responsabilité que vous assumez et qui peut avoir un impact important sur vous aussi. Chaque fois que j'apporte un soutien à quelqu'un, les sentiments qui s'y rattachent me suivent souvent jusque chez moi? Ce concept est assez fréquent. Vous devez donc être prêt à aider à porter cette charge. Vous devez aussi vous demander si vous êtes passionné. Êtes-vous prêt à assumer cette responsabilité? Une chose que nous n'avons peut-être pas mentionnée, c'est que ces séances du conseil des pairs sont aussi intrinsèquement utiles pour le pair aidant. Elles l'aident à s'améliorer en tant que personne. Elles les aident à mieux se comprendre eux‑mêmes. J'ai souvent constaté, lorsque je soutenais des pairs, que j'en apprenais beaucoup plus sur moi‑même, et dans ce contexte, n'est-ce pas là une expérience incroyable? Se connaître, réfléchir sur soi‑même, mais aussi avoir la passion de suivre cette voie malgré tout ce qui en découle, je pense que c'est très important pour devenir un pair aidant. Et puis évidemment, comme on l'a mentionné, la formation et l'apprentissage continus sont très importants. Est-ce que je pense qu'une personne peut être pair aidant même si elle traverse elle‑même une période difficile? Quelle bonne question! Cela revient en quelque sorte à l'importance pour le pair aidant de prendre soin de lui‑même. Pour être en mesure de soutenir les autres, on doit être capable de prendre soin de soi-même, et savoir qu'on est résilient et capable de faire face à ce qui peut se passer dans votre propre vie. Je pense donc à l'exemple classique de l'avion : en cas de danger, vous devez toujours mettre votre propre masque à oxygène avant d'en mettre un sur la personne à votre charge. C'est crucial, non? Si vous voulez être un bon pair aidant, si vous voulez être là pour vos collègues, vous devez être capable de vous soutenir vous-même, de vous comprendre et d'en tirer parti. Comme on l'a dit, le simple fait d'avoir traversé une période difficile et d'avoir réussi à y faire face et à vous en remettre est en soi un outil très utile et une expérience que vous pouvez partager avec vos collègues et vos pairs. Traverser une période difficile est très utile pour vous aider à vous comprendre et à comprendre ceux qui vous entourent, mais vous devez être capable de faire preuve de résilience et de « mettre le masque à oxygène » sur vous-même d'abord, avant de pouvoir aider les autres.

Cette discussion a été très intéressante et il nous reste quelques minutes. J'ai ici une question que j'aimerais poser en dernier lieu, parce que c'est une question très intéressante et parfaite pour conclure. Si on refaisait un tour de table dans l'ordre et qu'on vous donnait, disons, 30 secondes, comment répondriez-vous à cette question? « Y a-t-il une chose que vous recommanderiez que fassent les dirigeants cette année pour soutenir la santé mentale des employés dans l'environnement virtuel? » Parfaite question. Commençons par Allison.

Bien sûr. J'aurais beaucoup à dire, mais si je dois me limiter à une seule chose pour respecter les 30 secondes allouées, j'insisterais sur le fait qu'en tant que gestionnaire, j'aborde toujours la question en prenant appui sur ma propre expérience. Je demande à mon personnel, « De quoi avez-vous besoin? » Il est important de poser cette question maintenant plus que jamais. Sans me délester de mon devoir de bien comprendre comment apporter un soutien en tant que gestionnaire, je crois qu'une bonne pratique à adopter consiste à encourager les gens à dire « Voilà ce qui serait le plus utile pour moi en ce moment ». Au final, ils savent mieux que moi le genre de soutien dont ils ont besoin pendant la pandémie. J'ignore s'ils ont des enfants ou des frères et sœurs... je ne connais pas les détails de tout un chacun. Alors, le simple fait de leur donner l'occasion de m'indiquer ce que je peux faire pour les soutenir, je crois que c'est essentiel. C'est tout ce que je tiens à dire sur le sujet pour le moment.

Merci. Jessica, c'est à toi.

Si je devais choisir une action très simple et concrète, ce serait d'intégrer des moments – même si ce n'est que 15 minutes à la fin d'une réunion... pourquoi ne pas prévoir votre réunion de 11 h à 11 h 45 plutôt que de 11 h à midi, de manière à encourager vos employés d'avoir des moments plus informels, plus personnels, autour d'un café. Comme je l'ai dit, de nos jours, on passe souvent d'une rencontre Teams à une autre sans avoir le temps d'aller aux toilettes ou de prendre un café, sans avoir le temps de respirer. En tant que dirigeant, s'il vous est possible de démontrer que vous accordez la priorité à ces relations interpersonnelles avec les gens au bureau, en posant des gestes concrets comme de redonner 15 minutes à vos employés et de les encourager à les utiliser pour échanger les uns avec les autres, voilà une mesure concrète et très simple que vous pouvez appliquer.

Merci. Armi, à vous.

Un modèle très simple que j'utilise dans beaucoup de mes différents rôles et dans différentes organisations est celui de la rose et de l'épine. En conjonction avec l'idée mentionnée par Allison et Jessica, pour faciliter la conversation en dehors du travail et du quotidien, je demande aux gens : nommez une chose qui vous emballe ou vous rend heureux aujourd'hui – c'est‑à‑dire la rose –, et une chose que vous appréhendez ou qui vous rend moins heureux – c'est-à-dire l'épine. Selon la taille de votre équipe, vous pouvez adopter cette pratique pour faciliter des conversations qui ne portent pas nécessairement sur le travail.

Merci, Armi. Catherine, pour la conclusion.

Merci, James et les autres invités. Je voudrais juste réitérer l'importance de réserver du temps pour avoir des conversations sur des sujets qui ne sont pas liées au travail et de veiller à intégrer cette pratique à nos interactions quotidiennes avec nos collègues et nos employés. Et quand je pense à cela, ce qui me vient à l'esprit, c'est de rester vrai et authentique et d'être visible, car je crois que cette visibilité est primordiale. Cette occasion de vraiment s'intéresser aux employés, de partager, d'être ouvert et authentique au sujet de nos propres parcours, de nos propres difficultés, facilite grandement l'établissement du type de relations qui sont si importantes pendant la pandémie. James, je dois te poser une question... est-ce qu'on a du temps pour quelque chose qui ne figure pas au programme?

Vingt secondes.

Vingt secondes! Eh bien, je veux lever mon chapeau aux pairs aidants de mon organisation. Je ne les nommerai pas, mais je dois vous dire que ce sont des gens qui ont fait preuve d'une telle détermination et d'un tel courage pour s'avancer et se porter volontaires. Je pense que c'est ce dont il est question dans Bell Cause pour la cause. Ce sont ces gens qui disent : « Oui, je veux faire ça. Je veux partager mon propre vécu, mon expérience et ma vie avec d'autres, pour les aider à se rétablir ». Il y a de telles personnes dans notre organisation, et elles sont absolument extraordinaires. Je leur lève donc mon chapeau aujourd'hui. J'espère qu'ils regardent cette diffusion. Je vous remercie sincèrement. Merci, James.

Merci, Catherine, et merci à tous nos invités. Je vais conclure dans quelques secondes, mais je veux d'abord remercier les invités, ainsi que les participants pour toutes leurs excellentes questions. Nous n'avons pas pu répondre à toutes les questions, mais nous savions que ce serait impossible au départ. Maintenant, j'aimerais vous présenter Christiane Fox, sous-ministre de Services aux Autochtones Canada. Christiane a été nommée à ce poste en septembre 2020. Elle est également la très importante sous-ministre championne du Réseau des jeunes fonctionnaires fédéraux. Elle va prononcer un mot de clôture, puis je reviendrai conclure le tout. Christiane a occupé de nombreux postes au BCP, et elle est aussi une modératrice de cet événement. Bienvenue, Christiane.

[Christine Fox se joint brièvement à la conversation, et sa fenêtre remplit l'écran.]

Bonjour, je m'appelle Christiane Fox et je suis la sous‑ministre de Services aux Autochtones Canada et la sous‑ministre championne du Réseau des jeunes fonctionnaires fédéraux. J'ai eu le plaisir de participer à cet événement au cours des dernières années. C'est formidable de voir l'engagement continu de la fonction publique à l'égard de la santé mentale. Nous savons que les deux dernières années ont été assez difficiles pour tout le monde, car nous avons tous dû trouver un équilibre entre toutes les choses que nous devions faire auparavant, mais dans le contexte d'une pandémie mondiale. Ce n'est pas une période normale et, après deux ans, tout semble beaucoup plus difficile. Nous pouvons tous jouer un rôle important en nous soutenant les uns les autres par le biais des divers soutiens offerts par les pairs, ainsi que des programmes d'aide aux employés offerts dans vos ministères et organismes. Il peut s'agir de moyens formels ou informels d'obtenir du soutien. N'attendez pas d'être en situation de crise pour aller chercher l'aide dont vous avez besoin. Assurez-vous de penser chaque jour à votre propre santé mentale et à celle des personnes qui vous entourent. Nous survivrons à cette pandémie en étant là les uns pour les autres et en nous soutenant mutuellement. Je tiens à remercier nos invités et notre modérateur d'avoir partagé leurs expériences avec nous. J'aimerais également remercier l'équipe organisatrice du Centre d'expertise pour la santé mentale en milieu de travail, l'École de la fonction publique du Canada et, bien sûr, le Réseau des jeunes fonctionnaires fédéraux. Enfin, je tiens à remercier chacun d'entre vous d'avoir pris le temps d'être présent, d'apprendre et d'échanger avec nos invités, et d'accorder la priorité à votre santé mentale – et la nôtre. Merci à vous tous de vous être joints à nous aujourd'hui à l'occasion de la journée Bell Cause pour la cause 2022 du gouvernement du Canada.

[James reprend la parole, et sa fenêtre remplit l'écran.]

Ah, merci Christiane. Cette séance a été extraordinaire et je tiens tout d'abord à remercier nos invités, Allison, Jessica, Armi et Catherine. J'ai beaucoup appris. Vous êtes toutes des personnes très intelligentes et dévouées, et vous avez fait preuve à la fois de franchise, d'authenticité, de vulnérabilité et de force. J'ai retenu notamment deux choses. Tout d'abord, personne n'est à l'abri. Les problèmes de santé mentale peuvent toucher tout le monde à un moment ou à un autre, en particulier les professionnels, et ce, peu importe la fonction qu'ils occupent ou le niveau de leur poste. Ils peuvent également toucher les familles. Nous avons tous notre propre histoire de lutte et de guérison, ou nous connaissons quelqu'un qui a été touché par ces problèmes. On doit se rappeler que nous ne sommes pas seuls, et que tous ces outils dont vous allez entendre parler, de manière formelle et informelle, vous pouvez vous en prévaloir et les utiliser au besoin. Je tiens également à dire qu'à Apex, où je travaille, nous organisons notre propre événement demain après-midi avec Michael Landsberg à l'intention des cadres présents aujourd'hui. Michael – les gens s'en souviennent sans doute – est l'ambassadeur de Bell Cause pour la cause. Il est également le fondateur de sa propre organisation à but non lucratif, #SickNotWeak. L'activité comprendra une belle conversation avec l'une des principales voix au Canada en matière de défense de la santé mentale et de la santé. La période d'inscription est toujours ouverte, alors vous pouvez toujours vous inscrire.
Chose importante : dans le même courriel, vous allez recevoir une liste de sources d'information crédibles pour le suivi, et nous vous encourageons tous à prêter attention à cette liste et à faire bon usage de ces ressources. L'École de la fonction publique du Canada, que nous devons également remercier pour la plateforme qu'elle nous a offerte aujourd'hui, présente aussi d'autres événements. Je vous encourage à visiter son site Web pour vous tenir au courant et vous inscrire à toutes les occasions d'apprentissage futures. Faites attention à vous. Bonne journée!

[Une bande d'infographie apparaît dans le coin inférieur gauche de l'écran; il y est inscrit : « canada.ca ». Les invités et le modérateur font tous au revoir de la main dans leurs fenêtres respectives, qui apparaissent toutes à l'écran en même temps. L'image passe au noir et est remplacée par le logo Webcast/Webdiffusion, puis le logo du Canada.]

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